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Dark Horses

Black Music

Dark Horses - Black Music
Chronique Album
Date de sortie : 10.09.2012
Label : Last Gang Records
3
Rédigé par Julien Soullière, le 31 août 2012
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Derrière ce ténébreux patronyme, que l’on qualifierait volontiers de cliché si d’aventure il avait été adopté par un groupe de black métal scandinave, se cache en fait une cavalerie fière de six canassons, guidée par la poigne toute en PFRC - matière plastique renforcée de fibres de carbone - de la charmante et charmeuse Lisa Elle. La dame se trouve être d’origine suédoise, ce qui, pris comme ça, constitue un élément d’ordre factuel des plus mineurs, mais qui à la lumière de ma première phrase, permet de convenir que c’est bien là le seul - au sens de véritable, j’entends – dénominateur commun entre Dark Horses et le groupe de black métal précédemment cité. Non sans expliquer ce que peut bien venir faire un morceau du nom de Sanningen On Mig, mélopée raffinée et emprunte d’accents médiévaux, au sein de la luxuriante tracklist de Black Music.

Luxuriante, car à l’heure où le douze-titres semble être la borne supérieure de l’intervalle que représente l’industrie du rock britannique, Dark Horses ont placardé pas moins de quatorze noms sur la jaquette habillant le boitier de leur premier album. Jamais satisfait, toujours pessimiste, je me dis que tout ceci sent bon le remplissage, l’album trop long pour pas grand-chose, le plaisir gâché. A l’arrivée, et selon mes propres critères bien sûr, il se trouve que la meilleure évaluation de la situation peut se résumer en un seul mot à peine : gagné.

Commençons donc par parler des choses qui – me – fâchent vraiment. Il y a tout d’abord les cas Chain Chant, Black Music, et The Archer, des pistes que je me garderais bien de qualifier de morceaux. Quatorze secondes, une minute vingt-deux, deux minutes dix-huit, voilà pour les durées respectives. Ces dernières divergent, mais l’intérêt qu’elles suscitent reste quant à lui constant, et pour ainsi dire proche du néant : là ou Chain Chant consiste en un brouhaha de voix lointain et étouffé, Black Music se la joue gloubi-boulga de saturations, tandis que The Archer, délire instrumental qui aurait parfaitement mis en musique les pérégrinations embrumées par l’alcool d’un quelconque héro de cinéma, ne sert semble-t-il à rien d’autre qu’a conjurer le mauvais sort. Treize, d’aucuns pensent que le nombre porte malheur. Enfin, tout ça pour dire que je n’ai sincèrement jamais compris l’intérêt de ce genre d’interludes.
Et puis, outre les pesants effets de réverbération qui ternissent ici et là la voix protéiforme de la blonde Lisa (d’autant qu’à l’écoute de Road To Nowhere, je me dis que celle-ci est très bien, sinon mieux, au naturel), il y a ces titres à la limite du supportable, qui réussissent d’ailleurs, et non sans grande facilité, à balayer l’enthousiasme engrangé - et grandissant au fil des minutes – à l’écoute de ce qui restera comme un très bon triptyque d’ouverture. Lourdes, les sentences tombent: quand bien même drapé d’une ambiance sombre comme la plus étourdissante des nuits, et assaisonné d’enivrants riffs de guitare, No Dice n’en reste pas moins un épuisant chant incantatoire ; ponctué d’artifices électroniques propres à filer le mal de mer au plus chevronné des marins, Boxing Day est quant à lui aussi psychédélique que proche de la léthargie. Tout à fait dispensable en ce qui concerne ma pomme, donc.

Et en fait, tout ceci est d’autant plus dommage que Black Music ne manque ni d’ambiance, ni de mélodies. Alors, on connaissait déjà le très chouette premier single, Radio, qui s'appuie sur une association rythmique binaire/voix lancinante du meilleur effet, mais l’album regorge de bien d’autres gourmandises. Il y a notamment Alone, pièce sombre et hallucinogène, dont le principal atout réside en une batterie sèche et claquante comme le vent. Il y a aussi Anna Minor, titre épuré à l’extrême dans ses deux premiers tiers, comme pour mieux surprendre par un final explosif, où les instruments - dont un que je ne peux m’empêcher de trouver génial à chaque fois que je l’entends: l’harmonica - se télescopent dans une tempête grunge qui nous rappelle le meilleur d’Archive. Il y a également les classieuses Sanningen On Mig et Road To Nowhere, que j’ai déjà eu l’occasion d’évoquer ; guillerette - tiens, une exception – et jazzy à souhait, la seconde est ce qui pouvait arrive de mieux à la première, et vice et versa, chacune mettant l’autre en valeur de la plus belle des manières. Et puis, il y a la synthèse de ce que sont, et savent faire Dark Horses, j’ai nommé Traps et Count Me In, pierres angulaires de cet album noir comme l'ébène. Des morceaux à la fois puissants, mélodiques, classieux.

Sauvage par nature, Black Music est un objet très régulièrement ténébreux, parfois bruitiste, à l'occasion captivant. Pas tout à fait honnête non plus, car l'album fait tout ce qu'il faut pour sonner home-made, et en ce sens, il est plus réfléchi et produit qu'il ne veut bien le faire paraître. Rien de bien grave. Du reste, je me dis que les Dark Horses ont finalement plus en commun avec un groupe de black métal scandinave que je ne pouvais le penser au départ.
tracklisting
    01. Rose
  • 02. Radio
  • 03. Alone
  • 04. Boxing Day
  • 05. No Dice
  • 06. Chain Chant
  • 07. Traps
  • 08. Count Me In (feat. Thomas Meighan)
  • 09. Black Music
  • 10. Sanningen On Mig
  • 11. Road To Nowhere
  • 12. S.U.N
  • 13. Anna Minor
  • 14. The Archer
titres conseillés
    Traps, Count Me In, Sanningen
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