Noisettes

On savait les Noisettes aussi bien capables de belles fulgurations rock-garage que de fumisteries pop, creuses et sans âme, taillées pour les radios FM. Avec ce nouvel album, Contact, force est de constater que la chanteuse Shingai Shoniwa, tigresse à la pèche d’enfer sur scène, et son acolyte Dan Smith, n’ont pas fait dans la prise de risque, préférant s’appuyer sur une recette pop-rock imparable pour faire danser les kids sur les pistes de danse, quitte à s’éloigner de toute innovation.

Car si le groupe parvient, certes, toujours à façonner de vraies pépites tubesques (Winner), la plupart du temps ses nouveaux titres s’enchaînent les uns après les autres sans véritables accroches (Free, Star), ne parvenant ni à dessiner une personnalité dans leur son, ni dans leurs rythmes ou mélodies. En témoignent la basse disco et la batterie sur tous les temps sur bon nombre de morceaux (de I Want You Back à Final Call), une production (trop) léchée qui fait perdre toute énergie brute (Let The Music Play, où l’art de faire du sous-Gossip), et des titres plutôt insipides, à l’instar de Travelling Light, qui fait du surplace malgré des chœurs intéressants, ou l’indigeste Never Enough, lequel décroche la palme de la nullité avec son solo de guitare heavy.

Au final, c’est lorsque le groupe débranche ses instruments et qu’il joue sans arrangements (violons, synthé, boites à rythmes...) qu’il séduit le plus, comme le prouve le rassurant Ragtop Car, lequel tire tout son charme de son banjo entraînant.

Sans être totalement décevant (écoutez le côté rétro de That Girl, cousin de l’ancien tube Never Forget You), Noisettes, eux aussi, subissent certainement la crise : celle du talent. Espérons que le trio devenu duo suite au départ de Jamie Morrison retrouvera donc son goût pour le foutraque, l’énergie rock, bref, son laisser-aller et son inventivité, qui - si on pouvait la percevoir sur de récents singles comme Don't Upset The Rythm - brille, ici, par son absence.