Chronique Album
Date de sortie : 17.09.2012
Label : Kill The DJ/Differ-ant
Rédigé par
Amandine, le 26 septembre 2012
Les premières parties de concert, c’est un peu comme les jouets dans les Kinder surprise : tu peux tomber sur un puzzle miniature qui t’amènera la déception du siècle ou, au contraire, recevoir le personnage du dernier Disney dont tu avais tant rêvé. Même si le parallèle est malencontreux, c’est un peu l’histoire de notre rencontre avec The Eyes In The Heat.
Il y a quelques mois, à la Maroquinerie, alors que Battant faisaient leur grand retour après la perte prématurée d’un de leurs membres, on découvrait un petit joyau encore brut : The Eyes In The Heat ; l’impression laissée par le groupe ne nous a depuis jamais quittés et c’est donc avec une certaine excitation que nous accueillons aujourd’hui leur premier album : ProgramME.
La formation qui tire son nom d’une œuvre de Pollock continue ici les allusions à l’art contemporain, à la littérature et à la poésie dans une sombre litanie étirée en près de quinze morceaux. Du texte parlé (Yellow Walls ou Good Morning Midnight) aux mélodies 80s dansantes (Think In Loops ou encore Florida), l’ambiance garde toujours un côté sombre et glacial.
La collaboration entre Oliver Ho et son univers électronique et la sensualité de la chanteuse américano-libanaise Zizi Kanaan laisse l’auditeur dans un état émotionnel étrange, entre le bien-être et l’angoisse, à l’image de la musique du groupe. Des mélodies brutes (Signal) à d’autres plus étoffées (The Upper Limits), les univers se suivent et ne se ressemblent pas. Comme lors du concert de la découverte, Amateur procure toujours un effet euphorisant et imparable. La dimension linéaire du post-punk n’est jamais très loin et la sensualité du chant crée un climat à la fois anxiogène et sensuel qui apporte le côté addictif de cet album.
Les textes relèvent de la poésie et sont presque récités comme des incantations tandis que les boîtes à rythmes, les synthétiseurs et les boucles s’entremêlent pour apporter aux mots l’accompagnement parfait.
Dans la frénésie des sorties de cette rentrée, il serait dommage de passer à côté de ce ProgramME tant il est excitant et riche. Sans prétention et dans l’indifférence quasi générale, The Eyes In The Heat frappent un grand coup.