Nine Black Alps

En 2005, alors que l'Angleterre croule sous les groupes à guitares après le succès des Strokes, les Mancuniens de Nine Black Alps, sortent un premier album dans l'indifférence quasi générale ; plus penchés vers Seattle que vers Londres, ils lorgnent vers la mode de la décennie précédente : le grunge. Everything Is et ses petites bombes (Unsatisfied ou encore Get Your Guns) auraient pu devenir un album acclamé s'il était sorti dix ans auparavant mais ce ne fut pas le cas, les auditeurs préférant suivre l'air du temps.

Aujourd'hui, Nine Black Alps continuent leur petit bonhomme de chemin, ne se souciant pas des modes alentours et ils déroulent pour la quatrième fois leur post-grunge ancré dans les 90's avec Sirens.
Une fois encore, Sam Forrest ne compte pas révolutionner un genre déjà bien éculé depuis la mort d'un de ses leaders et père fondateur en 1994. Sa recette est toujours la même : guitare, basse, batterie dans un format couplets/refrain des plus basiques et un chant énergique, le tout dépassant rarement les trois minutes. Inutile de vous en dire plus, vous comprenez très bien de quoi il s'agit.

On pourrait donc croire que Sirens se laissera écouter pour rapidement finir au fond d'un tiroir avec nos vieux albums de Silverchair ou de Radish (mais oui, rappelez-vous, le groupe de Ben Kweller période blond péroxydé et hurlant « Little Pink Stars », loin du folk qu'on lui connaît désormais) et ce sera peut-être le cas, le temps nous le dira, mais c'est avec surprise et un plaisir presque coupable qu'il faudra écouter cet album. Le rythme est toujours aussi soutenu, comme à leur habitude, et vu le plaisir procuré par Don't Forget To Breathe, on se demande si ce disque nous parle parce qu'il réveille notre nostalgie de trentenaires ou parce que les mélodies sont réellement efficaces et entêtantes.
Certains titres restent tout de même plus calmes, comme Phosphorescence et ses trois minutes quarante-cinq à la Alice In Chains ou l'intermède acoustique sur Waiting Room. On se dit qu'il manquait un élément essentiel pour que le parfait stéréotype soit complet et Living In A Dream nous le livre : digne d'un Stay Away de Nirvana, avec le gimmick de répéter le dernier mot des phrases façon Cobain ; même le débit et le phrasé égosillé suscite le parallèle.

Sirens n'est donc ni plus ni moins qu'une collection de douze titres grunge dans son aspect le plus brut, pour notre plus grand plaisir.