Peu d’artistes parviennent à rester fidèles à eux-mêmes tout en parvenant à se renouveler album après album. Patrick Denis Apps est de ceux-là. Porteur d’une carrière bien remplie, d’un
Lycanthropy brut et humble paru en 2003 à un
Lupercalia réussi mais hélas moins inspiré que ses prédécesseurs, l’artiste britannique nous offre cette année un double album qui n’est rien d’autre qu’un Best Of déguisé. L’idée est intéressante, le résultat peu probant.
Les premières notes de
Sundark & Riverlight nous indiquent la démarche voulue par Patrick Wolf tout au long de ces seize titres : de l’emphase, du grandiose, du too much, partout, tout le temps. Au-delà de la densité de l’ensemble qui reste peu digeste, on ne peut s’empêcher de penser que la plupart des compositions sont ici dénaturées et non pas réappropriées une seconde fois par l’artiste tant celui-ci n’apporte pas grand-chose.
Des titres comme
Bermondsey Street, Bluebells, The Magic Position et autre
Wolf Song sont superflus pour quiconque connaît les originaux ;
The Libertine et
Teignmouth n’ont plus la fougue et ce côté DIY des débuts de Patrick Wolf ;
Wind In The Wires, avec ses pluies de cordes qui le transpercent de part et d’autre, gagne en grandiloquence ce qu’il perd en intensité. L’atout majeur de cette compilation s’avère finalement être la voix de Patrick Wolf, bien plus mise en avant par rapport aux titres originaux.
Quelques chansons tirent fort heureusement leur épingle du jeu, à l’image de
London, revisitée au piano avec une mélodie rapidement mémorisée,
Oblivion qui passe d’une rythmique dark à une ballade folk, ou encore
Paris qui voit ses beats et son extravagance remplacés par des spasmes de violons tout aussi enivrants. Et, oh surprise, un titre,
Vulture, va même surpasser son modèle, délaissant l’electro rock pompeux au profit d’un piano-voix sépulcral.
Au final, si je demeure aussi réservé face à ce
Sundark & Riverlight, c’est parce que j’aime profondément Patrick Wolf. J’aime la sincérité de ses compositions, fidèles à lui-même dans un espace-temps précis, avec ses faiblesses et ses qualités, ses hauts théâtraux et ses bas au piano-voix. Cette authenticité s’efface trop souvent au profit de moments orchestraux, héroïques et étourdissants, qui ne parviennent hélas pas à faire table rase de seize chefs d’œuvres figés dans le temps. Un conseil, constituez votre propre Best Of de Patrick Wolf : remplacez ces chansons par leurs originales et vous obtiendrez un album cinq étoiles.