Chronique Album
Date de sortie : 08.10.2012
Label : Atlantic
Rédigé par
Esther Vilar, le 30 octobre 2012
Rentrée des classes. Deux enfants se tiennent par la main, deux enfants coquets, sautant dans l’eau. Ils rentrent de la chasse, un couteau à la main.
Leurs pochettes en disent long.
L’identité de ces cinq musiciens originaires de Nottingham réside dans le puzzle, l’assemblage paradoxal de visuels troubles empruntés des années 80. Dog Is Dead ont bien fait de faire attendre leur audience, avec leurs pochettes totalement barrées et pourtant esthétiquement irréprochables. Sagement installés sur les bancs de l’école, ils ont pris leur temps avant de dévoiler leur premier album. Bien accueillis par la critique anglosaxone, leurs précédents EPs et singles, Glockenspiel Song, Young, Hands Down, Your Childhood et Two Devils, nous avaient délivré les pièces du puzzle qu’allait reformer la sortie de ce premier disque.
Sans plus tarder, laissez-moi vous présenter nos cinq premiers de la classe. Robert Milton (chant, guitare, basse), Blanc Rob Paul Roberts (chant, guitare), Laurent Trev Cole (chant, guitare basse saxo), Joss Van Wilder (chant, clavier, guitare) et Daniel Harvey (batterie). Leur album ne présente pas de grande surprise, mais avec tant de titres déjà parus, on s’attendait d'emblée à en retrouver la plupart, rien de tel pour apprendre la leçon.
La pop est la matrice de ce joyeux mélange musical. On découvre un groupe indie pop, bercés trop près du mur du côté des folkeux, voire jazzeux. Bref, ça sonne quand même assez pour les envoyer faire un tour sur les scènes du Latitude Festival, de Leeds, de Reading, de l’Ile de White et tenter l’expérience en France au Festival des Inrockuptibles. Rappelez-vous aussi, la dernière Bande Originale de Skins ! En interprétant leur propre rôle, ils font chanter à tue-tête les protagonistes le « We are a mess, we are failures and we love it » de Glockenspiel Song. Tout est dit !
Dog Is Dead est le reflet d’une génération un peu perdue dans ses influences, voulant se donner un genre des années 80 tout en convoitant l’électro mais sans s’y mettre vraiment. Ce premier album vacille entre énergie chaleureuse et voyage craintif. Get Low annonçait pourtant un penchant pour les troubles en tout genre. On en veut plus des comme ça les mecs ! Do The Right Thing et les deux titres qui lui succèdent ne sont pas à la hauteur de nos espérances. C’est convenu, propre et ça porte des polos vintage bien repassés. Bien heureusement, des morceaux comme Two Devils et Hands Down ou River Jordan font ressortir le côté obscur de Robert Milton. Les chœurs présents confèrent à sa voix un aigre enthousiasme.
Tout le secret de Dog Is Dead réside dans cet équilibre glissant. Ils tombent souvent dans l’optimisme naïf avec des textes parfois graves, mais souvent décalés. Ils s’en sortent la plupart du temps avec d’autres titres d’autant plus forts qu’ils utilisent des structures simples tout en y rajoutant leur grain de sel pétillant. Je dirais même plus, cela peut devenir planant. Bref, Dog Is Dead sur le chemin de l’école, mais pas trop.