Hatcham Social

Si les Hatcham Social sont reconnaissables entre mille pour l'artwork de leurs pochettes (désignées pour la plupart par le batteur Finnigan Kidd), il n'en a cependant pas toujours été dit autant pour leur musique, souvent qualifiée de trop peu originale. Le quatuor anglais, formé en 2006 a été, entre de multiples EPs et singles, l'auteur de deux albums sortis sur le label Fierce Panda. Qu'en est-il alors de leur troisième opus, Cutting Up The Present Leaks Out The Future, produit par leurs soins ? À eux de prouver ce qu'ils ont dans le ventre avec ces dix titres sorti sur O Genesis, label de Tim Burgess (The Charlatans).

L'album s'ouvre sur Ketamine Queen, ballade lente au nom évocateur et aux faux airs de dream pop. On penserait presque au slogan des Spacemen 3 : « Take Drugs To Make Music To Take Drugs To ». Nous entrons ici dans le psychédélisme pur et dur avec en ouverture de ce LP un hymne aux drogues introspectives. Et voilà la base rythmique qui fait son entrée sur All That I Can See Is A Gun, sa guitare digne de Bo Diddley et sa voix matinée dans un delay aux forts accents psychobilly. Ce n'est pas l'intention qui compte, et si les anglais essayent de nous faire taper du pied en rythme, ils ne réussissent qu'à nous fatiguer devant une production hésitante et une mélodie chancelante. Nous regretterons en outre la ressemblance bien trop frappante entre cette même chanson celle qui lui succède, Confession Of An English Opium Smoker. Dommage.
Sur To The Moon (Is This The Way Men Will Survive), ballade rêveuse cette fois-ci superbement produite, l'influence du Velvet Underground se fait sentir, notamment sur les parties de guitares. Nul doute n'est permis, cette chanson, tout comme le premier titre de l'album, s'apprécie à sa juste valeur à condition de fermer les yeux et de se laisser porter par sa mélodie rêveuse.

Mais si la première partie de l'album convainc difficilement (à l'exception des deux ballades susnommées, qui néanmoins ne s'écoutent que dans des conditions appropriées), la deuxième partie de l'opus montre que Hatcham Social savent également écrire de belles chansons pop. En témoigne Spirit Of 45, ses paroles douces amères et ses chœurs en voix de tête qui ne sont pas sans rappeler l'alliance Alex Turner/Matt Helders. Retentit ensuite More Power To Live dans laquelle la bande des frères Kidd montre qu'elle sait mixer les influences : un peu de Dr. Feelgood dans les chœurs, un peu de rockabilly dans la guitare, un peu de Jesus & Mary Chain dans la voix. Et un solo délicieusement brouillon en en plein milieu de la chanson. Le quatuor reste sur sa bonne lancée avec Lion With A Lazer Gun et sa belle montée en puissance. Surprise : les violons sont même de sortie ! On retrouve ces mêmes cordes sur Stay True To Your Family, ballade anecdotique et presque ennuyeuse, tout comme la chanson qui lui succède, Don't Go To Sleep.

Le troisième opus de Hatcham Social s'achève donc sur une mauvaise note et, malgré leurs supplications sur le titre final, ils ne nous empêcheront pas d'aller nous coucher avant la fin de ce dernier. Que cela ne nous fasse néanmoins pas oublier leur réussite lorsqu'il s'agit d'écrire de la pop.