Alors que les rumeurs sur une potentielle réunion de
Blur ainsi qu'un nouvel album vont bon train, que les possibilités d'un retour de
Gorillaz se font entendre et que la nouvelle amitié (et collaboration professionnelle ?) avec Noel Gallagher vient alimenter la presse musicale, Damon Albarn, près de vingt-cinq ans après la formation de Blur, n'en finit pas de faire parler de lui. Ce boulimique avide d'influences, de nouveautés et de collaborations se livre aujourd'hui pour la première fois en toute simplicité sur son
Everyday Robots. L'austérité de la pochette (sur laquelle on voit l'Anglais assis sur un tabouret, le regard fixé vers le sol) et la silhouette se détachant sur un fond sobre et uniforme, invitent l'auditeur à découvrir une nouvelle facette de la personnalité de l'artiste, jusqu'alors encore inexplorée. Après avoir dépeint la société britannique pendant la période
Parklife ou
The Great Escape, Albarn se recentre aujourd'hui sur sa vie et sublime ainsi son songwriting.
En 2012 sortait
Dr Dee, opéra baroque emmené par le prince de la britpop. Le lyrisme de l'œuvre apparaissait alors comme le pendant inverse d'
Everyday Robots, corpus de compositions dépouillé et intimiste. Grâce à une instrumentation, même si léchée et travaillée, somme toute allégée, la fragilité et la beauté du chant sont plus que jamais mises en avant. Plus qu'une addition d'influences,
Everyday Robots apparaît plutôt comme la somme des grandes étapes de la carrière de Damon Albarn.
D'un
Everyday Robots ou un
Lonely Press Play mélancoliques à un
Mr Tembo joyeux et léger, l'auditeur découvre une candeur que l'on ne soupçonnait guère. A quarante-six ans, Damon Albarn n'a plus grand-chose à prouver et loin de la déferlante Blur ou Gorillaz, il se livre dans la plus grande simplicité. Certains pourraient penser que le bel Anglais semble en manque d'inspiration mais son retour à Leytonstone, lieu de son enfance (comme il nous le racontait dans ce
très intéressant documentaire) paraît au contraire faire jaillir la quiétude. En phase avec lui-même et avec son art, Damon Albarn égrène une douzaine de titres cristallisant des instants du quotidien plus que retraçant ses vingt-cinq ans de carrière.
Cependant, l'artiste n'en oublie pas pour autant les bonnes habitudes ; sachant toujours s'entourer, nous retrouvons ici un Brian Eno ou encore une chorale gospel.
Mélancolique, ce premier album solo dresse le portrait d'un homme bien dans ses pompes et Damon Albarn réussit une fois de plus à convaincre, notamment grâce à son chant, fragile et touchant, laissant entrevoir les limites de celui que l'on aurait tendance à penser être un superhéros.