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Damon Albarn

The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows

Damon Albarn - The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows
Chronique Album
Date de sortie : 12.11.2021
Label : Transgressive Records
5
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 9 novembre 2021
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Il est de ces moments magiques, où une écoute vous propulse vers quelque chose, un quelque part, une espèce de monde sans repères. C'est un peu ce qui pourrait vous arriver avec The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows, second album solo de Damon Albarn, si l'on met de côté le conceptuel Dr Dee de 2012.

Le nouveau disque de l'iconique anglais a en lui une matière vaporeuse, qui en fait un voyage intemporel au bord de falaises baignant dans les nuages. Si on peut y trouver certains points communs avec son précédent effort solo, le très bon Everyday Robots, The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows a quelque chose d'encore plus introspectif. On est bien loin de la logique de Gorillaz, même si pourtant, le mélancolique Royal Morning Blue, ou le thème apaisé de Darkness To Light n'auraient pas dépareillés sur Plastic Beach.
Par moment, la matière semble extrêmement douce mais parfois, Damon Albarn vous sort de votre zone de confort pour vous violenter comme sur l'instrumental Combustion et son méli-mélo jazzy noisy désordonné, cassé dans son élan par un final au piano épuré et ses quelques notes comme des gouttes de pluie sur le sol.

Mais l'atmosphère générale n'est en rien brisée et le calme de l'album n'est jamais ennuyeux. Les mélodies sont fortes et délicates. Surtout, Damon Albarn saupoudre savamment la musicalité par des instants plus expérimentaux. Mais tout tombe sous le sens et rien n'est en trop à l'image de Daft Wader. Il règne une sérénité qui s'empare de vos sens et vous embarque du début jusqu'à la fin, à tel point que The Nearer The Foutain, More Pure The Streams Flows semble être un rêve, duquel vous ne voudriez jamais sortir tant il vous absorbe. Chaque élément est nécessaire, et comme dans un puzzle, les pièces les plus étranges comme l'intriguant Esja ou le subtil et touchant Giraffe Trumpet Sea trouvent leur place dans ce petit univers fragile.

Des pièces instrumentales, ou le bruit de la mer à la fin d'un morceau, forment un tout indivisible, comme si cet album iodé n'était au final qu'un seul élément monolithe. Damon Albarn nous démontre également son talent de compositeur, et des titres comme The Tower Of Montevideo sont absolument remarquables par leurs mélodies, mais aussi leurs structures et ce saxophone qui se balade à sa guise est à vous ravir. C'est évident sans être facile, complexe sans être hasardeux.
Quand l'artiste veut nous ramener à des choses d'apparence plus évidentes, jamais il ne cède à une quelconque facilité. Ainsi, sur Polaris, il fait encore preuve d'inventivité, en ressort ce petit morceau où se mêlent des instruments classiques à une charnière électronique élégante et attachante. Le début de l'album est vaporeux et aérien avec les brillantissimes The Cormorant et sa mélancolique extatique jazzy, sa sensation de tenir aléatoirement en équilibre, mais aussi sur le titre éponyme, absolument bouleversant. Puis, au fur et à mesure, il nous mène jusqu'à Particles morceau final qui apparaît comme le réveil après ce voyage dans un monde parallèle.

Car c'est bien comme cela qu'il faut appréhender The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows. Comme un voyage merveilleux qu'il faut faire d'une traite. Il faut se laisser aspirer dans le dédale duveté qu'a patiemment construit l'artiste. Il est question d'être immergé dans une mélancolie douce agencée avec méthode et précision par un Damon Albarn qu'on savait talentueux, mais qui nous livre ici une pièce d'une qualité absolument remarquable.
Quel plaisir de voir que la notoriété n'a en aucun cas érodé la créativité du leader de Blur. Il y a trente ans, combien d'entre nous n'avaient vu en lui qu'un trublion au déhanché improbable porté par un courant Britpop qui déferlait à l'époque sur toute l'Europe. Gorillaz, puis The Good The Bad And The Queen nous avaient pourtant montré toute la ressource de ce personnage singulier à l'appétit créatif sans bornes.
Cet homme arrive donc à donner vie à Gorillaz, cette énorme machine qui attire à lui des monuments comme Bobby Womack, Peter Hook, Robert Smith ou Mark E. Smith. Mais il est aussi capable de sortir de tout ce vacarme créatif pour se recentrer, rester seul devant le calme de la pluie qui tombe, faire la paix avec lui-même. On le savait déjà depuis Everyday Robots. Mais il y a quelque chose de plus dans The Nearer The Fountain, More Pure The Stream Flows. Quelque chose qui confine à la magie, à l'irréel, au surréaliste, au rêve.

Cet album est magistral, et que vous ne soyez pas un fan absolu de cet immense artiste n'est pas une raison pour passer à côté de cette merveille. Vous avez peut-être ici ce que vous entendrez de mieux en cette année 2021.
tracklisting
    01. THE NEARER THE FOUTNAIN, MORE PURE THE STREAM FLOWS
  • 02. THE CORMORANT
  • 03. ROYAL MORNING BLUE
  • 04. COMBUSTION
  • 05. DAFT WADER
  • 06. DARKNESS TO LIGHT
  • 07. ESJA
  • 08. THE TOWER OF MONTEVIDEO
  • 09. GIRAFFE TRUMPET SEA
  • 10. POLARIS
  • 11. PARTICLES
titres conseillés
    THE CORMORANT, ROYAL MORNING BLUE, POLARIS, THE NEARER THE FOUNTAIN MORE PURE THE STREAM, THE TOWER OF MONTEVIDEO
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