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Damon Albarn

Paris, La Musicale Live - 24 mars 2014

Live-report par Amandine

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Damon Albarn est probablement l’un des musiciens les plus prolifiques de ces deux dernières décennies et à la manière d’un Thom Yorke de la pop, il multiplie les projets et les expérimentations : de Blur à Gorillaz en passant par The Good, The Bad and The Queen, il manquait toutefois jusqu’à présent une précieuse corde à son arc. En effet, le touche-à-tout n’avait jusque là pas sauté le pas de l’album solo ; nous apprenions il y a quelques semaines qu’il y remédierait dès le mois d'avril et en attendant la sortie, nous comblons donc l’impatience en assistant à l’enregistrement de La Musicale de la chaîne cryptée Canal+, prémices d’un Everyday Robots splendide de sensibilité.

Encore plus qu’à son habitude, le studio est ce soir plein comme un œuf et les corps se voient contraints à réduire leur espace vital afin de pouvoir trouver place sur les inconfortables gradins qui font face à la scène. La scène justement, parlons-en brièvement car elle est le reflet du perfectionniste du charmant et charmeur M. Albarn. Projet solo vous disiez ? C’est bien mal connaître le Londonien puisque des instruments parsèment le sol et l’on distingue un ukulélé, des violons et violoncelles, un piano, des guitares (acoustiques et électriques), des synthés, une batterie, des boîtes à rythmes et la multitude de possibilités nous laissent entrevoir un show qui sera tout sauf intimiste comme nous aurions pu l’imaginer. C’est donc entouré d’une dizaine de musiciens que se présente Damon, avec son éternelle allure de branleur débraillé : jean usé et blouson sont aujourd’hui rehaussés d’une paire de lunettes de soleil, ce qui n’entamera en rien le regard coquin qu’on lui connaît et qu’on devine sous les verres teintés.
br/> Après un salut discret, Damon Albarn entame une bonne heure de show pour nous présenter son Everyday Robots à paraître. A la première écoute de l’album, nous ne pouvions qu’être étonnés et déstabilisés par le caractère dépouillé des compositions, caractéristique qui ne lui est pas coutumière ; pourtant, ce soir, entouré de ses musiciens et même rejoint par une chorale gospel parisienne sur Mr Tembo, les titres prennent toute leur ampleur et offrent leur beauté et leur sensibilité qui viennent vous mettre une claque encore plus violente que vous ne vous y attendiez absolument pas.
De la binaire Everyday Robots à la joyeuse M. Tembo (qui sera l'occasion pour Damon de nous raconter l'anecdote durant plusieurs minutes : ce titre a été écrit pour un éléphanteau que notre Londonien préféré a vu grandir et qu'il adore), Albarn nous entraîne dans son monde multicolore où le noir et le blanc tiennent toutefois une grande place. En effet, lorsqu’il s'assied derrière son piano, c'est toujours pour un moment de grâce.
Loin d'être lassé par plus de vingt ans de carrière, Damon Albarn reste souriant, bavard et, surtout, passionné dès qu'il s'agit de délivrer sa musique. Toujours en adéquation avec son public, il propose même ce que l'on n'avait jusqu'alors même pas envisagé : quand les premières notes de To The End, ultime morceau du fantastique The Great Escape de Blur, résonnent dans le studio 104, ce n'est que pour mieux se rappeler que le blondinet est décidément pétri de talent.

Alors que les caméras ont déjà rejoint l'ombre, Albarn prend tout le monde de court, équipe technique et spectateurs, pour un dernier morceau, Kingdom Of Doom, qui fera s'enflammer la salle pourtant si impersonnelle. Décidément, son enthousiasme n'a pas l'air entaché, qu'on se rassure.
setlist
    Lonely Press Play
    Everyday Robots
    You & Me
    Photographs
    Hollow Ponds
    Mr Tembo
    To The End
    Heavy Seas Of Love
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    Kingdom Of Doom
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