Chronique Album
Date de sortie : 10.11.2014
Label : Chemikal Underground
Rédigé par
Johan, le 5 janvier 2015
Encore passé sous radar comme à son habitude, Adrian Crowley a sorti en fin d'année dernière son septième album. Quiconque est passé à côté de cet irlandais halluciné et hallucinant peut à présent se rattraper : Some Blue Morning est probablement son meilleur disque paru à ce jour.
L'album débute sur sa chanson-titre, où la montée de violoncelle et d'harmonium croise le chant profond et puissant d'Adrian Crowley et des backing vocals féminins hantés. Comme à son habitude, l'artiste parvient à créer tout au long du disque des arrangements à la fois subtils et complexes, mêlant effluves de cordes, notes de piano éparses, accords de guitare acoustique délicats et choeurs cristallins.
The Magpie Song en est l'exemple le plus probant, dévoilant ici l'une des meilleurs compositions du songwriter. Sur une instrumentation tendue et vivante, Adrian Crowley y pose sa voix sépulcrale comme jamais auparavant, notamment sur son refrain absolument poignant.
Plus loin, c'est au tour de The Stranger d'halluciner l'auditeur, dès les premières notes d'harmonium. Bipolaire, le titre passe d'une ambiance sacrale à une musique classique élégante et débridée. Autre plage schizophrène, The Angel alterne quant à elle a capella apaisé et orchestration menaçante, avant de conclure sur un crescendo éclatant.
Place en fin d'album aux deux pièces marquantes de Some Blue Morning. Tout d'abord, The Wild Boar, titre spoken words au récit folk et mystique sur une instrumentation à l'atmosphère onirique épurée. S'ensuit The Hatchet Song aux arrangements tout bonnement somptueux, que l'on croirait réalisés pour un film de Terrence Malick. Mais c'est lorsque émerge la voix de Crowley, qui ne s'est jamais faite aussi hypnotisante, que l'on se rend compte de tout le potentiel de cette chanson, certainement la meilleure de l'irlandais.
Toujours aussi inspiré, Adrian Crowley nous gratifie une nouvelle fois d'un album folk à l'ambiance à la fois torturée et positive, sombre et lumineuse, sobre et solennelle. Ce n'est probablement pas en poursuivant sur cette voie que l'artiste se fera davantage connaître dans nos contrées, mais l'on souhaite secrètement qu'il reste dans l'ombre tant qu'il compose des disques aussi majestueux que celui-ci et les précédents !