Chronique Album
Date de sortie : 09.02.2015
Label : Heavenly Recordings
Rédigé par
Emeline, le 4 février 2015
Il y a des artistes dont la discrétion n'a d'égal que leur talent. Duke Garwood est de ceux-là. Après avoir déjà enregistré quatre albums solo en une dizaine d'années, partagé la composition d'un disque avec Mark Lanegan en 2013 (Black Pudding) et joué de la clarinette sur l'album Silence Yourself de Savages, le multi-instrumentiste londonien revient coucher sa sensibilité et son blues chamanique sur Heavy Love, un nouveau disque qui apaise par son équilibre et son incandescence.
Dans sa messe contenue mais inspirée, il y a du blues donc, mais aussi un folk pénétrant où les guitares réverbérées enivrent et les arpèges acoustiques émeuvent. Il y a aussi une légère empreinte rock sur quelques tensions électriques et psychédéliques bienvenues (Suppertime In Hell) mais surtout ce zeste de soul et de gospel (Snake Man) qui séduit via des rythmiques entêtantes qui n'explosent jamais littéralement. Car tout au long de ses dix titres, le chanteur et musicien prend son temps, amène petit à petit une profondeur et une âme à sa poésie et ses ambiances légèrement tourmentées, et c'est là tout le charme de son disque : il séduit par sa tranquillité, le détail de ses sonorités, la répétition de ses rythmiques hypnotiques, ses atmosphères intimes et ses douces fulgurances.
Entourée ici et là de mysticisme et de noirceur, cette messe là prend alors des dimensions cinématographiques lorsqu'elle évoque la mort (l'énigmatique et superbe Hawaiian Death Song) ou s'emplit de grâce et de pureté lorsqu'elle est chantée à nue, comme sur Sweet Wine, où Duke Garwood monte agréablement dans l’aigu, sur fond d'orgue et de guitare mélancoliques.
Rien d'étonnant à ce qu'on retrouve également dans les chansons du Londonien des réminiscences de Mark Lanegan, à la fois dans sa manière de poser sa voix grave et de dévoiler son blues spacial, mais aussi un featuring avec Jehnny Beth de Savages (Heavy Love).
Enregistré dans le studio Pink Duck de Josh Homme, ce disque prendra tout son sens entre les écoutes des disques de JJ Cale, 16 Horsepower et Josh T Pearson.