Duke Garwood

Duke Garwood est un musicien du genre de ceux qui ont toujours une guitare à portée de main, qui préfèrent s'asseoir à un piano qu'à une table, qui peuvent jouer d'à peu près tous les instruments et qui ont des chansons plein la tête, ou plutôt plein le cœur. Le guerrier du satin lui est apparu en novembre 2022 alors qu'il enregistrait Rogues Gospel. Si vous avez lu le Désert des Tartares, il est tel un guerrier qui reste concentré et caché jusqu'à ce que ses services soient nécessaires. Il s'est terré toutes ces années, avant d'être rejoint par les autres pour former enfin une armée un album qui sort en mai 2025.

Le titre Satin Warrior est le pilier de cet album. Cette fresque se déroule sur huit minutes, suivant une rythmique complexe sur laquelle viennent se poser des cuivres et la voix de Duke Garwood. La musique est trop douce pour provoquer une transe, c'est plutôt une invitation à l'introspection et comme une mise en sécurité de l'âme. C'est une musique d'autant plus réconfortante qu'elle n'est pas naïve. Cette fresque se déroule aussi au sens propre dans une vidéo pendant laquelle l'artiste déroule une peinture d'une vingtaine de mètres qu'il a peinte sur un rouleau de papier de riz chinois.


Sur Pretty Warrior, Duke Garwood a pris sa guitare, son instrument de référence. Portés par des arpèges au bord de la saturation, nous suivons la batterie dans le désert. Il flotte un air de mystère et une chaleur bienveillante. Même avec de la guitare, de la flûte et une voix de conteur, c'est la batterie qui est le fil conducteur de ces marches bien trop calmes pour être militaires. C'est aussi ce qui fait de cet album intime à l'extrême un disque plus universel qu'une oeuvre solo. Duke Garwood est d'ailleurs accompagné par Paul May à la batterie, Aaron Lumley à la basse, et Hugo Race à la guitare (ndlr : un des premiers guitaristes des Bad Seeds).

Quand le guerrier ne suit plus la batterie, il se perd. Le Drifting Warrior est envoûté par la guitare et ce qui semble être un violoncelle. La batterie est très lente, essentiellement sur les cymbales. Perdus quelque part entre l'orient et les grands espaces du blues américain, nous restons hypnotisés et hors du temps. L'album se conclut bien sûr en toute beauté par Scarlett Trees. La batterie a été remplacée par un piano et la guitare par une basse. On est tellement bien que quand le motif musical s'arrête au lieu de reprendre qu'un sentiment de manque et de malaise glacé s'empare de nous, comme quand il faut sortir de son lit douillet par un matin d'hiver.