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Lone Wolf

Lodge

Lone Wolf - Lodge
Chronique Album
Date de sortie : 11.05.2015
Label : It Never Rains Records
3
Rédigé par Sarah Pitet, le 19 mai 2015
Paul Marshall signe en ce mois de mai son troisième album sous le nom de Lone Wolf. Ne vous fiez pas à l'approche de l'été prédisant une nuée d'opus fleuris et enjoués car Lodge est contre saison. Volontairement dissonant, conduit tout du long par la despotique pureté d'un piano à laquelle se mêle la frêle voix du loup solitaire, cet album est la sincère confession d'un être sujet au doute. Lone Wolf a fait l'ambitieux pari d'abandonner sa guitare au profit d'un clavier dans le but de sublimer son désarroi à travers un album lyrique et passionnel.

A la première écoute, Lodge s'apparente à une succession de maladresses. Des paroles déposées sur le vif, sans réelle mélodie, répondent à des sons pas trop à leur place. Mais finalement remettre tout cela en ordre ne semble pas vraiment être le dessein de Paul Marshall. Ce dernier nous ouvre ici son cœur et chacun sait comme il complexe de mettre de l'ordre dans ce genre de choses. Pardonné, donc.
L'opus est amorcé par les trompettes criardes de Wilderness, quelques fois poussées à la saturation et qui contrastent avec la légèreté du piano. Paul joue avec le silence, nuançant ainsi le titre et menant l'auditeur à se perdre tête baissée dans son singulier univers. Alligator dérange car dissone. Lone Wolf aurait-il réussi à nous communiquer l'incommodité de son enveloppe charnelle ? Toute émotion est là brillamment transmise grâce une étonnante maîtrise des nuances d'un clavier.

Crimes s'avère plus rythmée. Un groove hip-hop en émane, prodiguant à l'album une montée en puissance nécessaire, lui évitant un trop vaste platitude. Le rythme est donné par le piano, unique régisseur de l'opus. L'engouement se poursuit ensuite dans Give Up. Il y a là quelque chose de tragique dans la voix de Paul Marshall, comme s'il retenait dans sa gorge nouée tous les sons qu'il aimerait voir en sortir. C'est d'ailleurs ce qui donne son unicité au timbre du chanteur, dont l'anormalité et la fragilité font la beauté.
Inutile cependant de vous décrire la suite car celle-ci s'inscrit dans même lignée, le tandem piano voix y est roi, quelques fois parsemé de kicks inattendus. En effet, bien que sublimée, la névrose de Lone Wolf ne nous offre à contempler qu'un seul et même visage durant tout l'album. La variabilité des titres laisse malheureusement à désirer et ce qui était enthousiasme au début de l'album a vite fait de se transformer en lassitude. Là est l'unique critique que l'on se permettra de faire à Lodge, opus où la vulnérabilité de l'homme a visiblement fait sa force de création.

C'est une belle démonstration de lyrisme et de sincérité que nous offre Paul Marshall dans ce troisième album, ou qu'il s'offre à lui-même, c'est selon - les deux idées étant valables vu l'individualité de la chose. Cependant, malgré un premier voyage fort sympathique au sein de l'univers de Paul, on doute qu'une trop vaste fidélité à cet album ne mène à autre chose qu'à l'essoufflement de nos oreilles et l'alanguissement de nos membres. La petite lumière de l'espoir manque effectivement à la transcendante noirceur de Lodge.
tracklisting
    01. Wilderness
  • 02. Alligator
  • 03. Crimes
  • 04. Give Up
  • 05. Mistakes
  • 06. Mess
  • 07. Taking Steps
  • 08. Art Of Letting Go
  • 09. Get Rough
  • 10. Token Water
  • 11. Pripyat
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