Coldplay

Deux albums, des millions d’exemplaires vendus à travers le monde, un succès interplanétaire, un dernier single qui entre directement dans le Top 10 U.S- une première depuis 1968 et Hey Jude des Beatles- Coldplay rafle tout sur son passage. Leur recette ? Des mélodies impeccables et entêtantes, des paroles romantiques et douces, une voix toute en intensité que l’on reconnaîtrait entre mille… Disons que Franz Ferdinand joue une musique qui fait danser les filles et Coldplay, une musique qui fait pleurer les filles, mais pas seulement. Nos petits anglais ont tout pour plaire : quatre charmants jeunes hommes aux allures d’éternels étudiants, aux visages loin d’être ingrats, « propres sur eux », talentueux, respectueux de l’environnement… Bref, les gendres et maris idéaux (j’en connais plus d’une qui adopteraient volontiers la petite Apple) Non seulement Coldplay plaît aux jeunes lycéen(ne)s, aux jeunes trentenaires mais aussi à leurs parents : les londoniens n’ont pas vraiment adopté la « Sex, Drugs & Rock’n’Roll» attitude contrairement à leurs comparses d’outre-manche mais plutôt la « père-de-famille-rangé-et-soucieux-de-son-prochain » attitude…

Leur troisième album, X&Y, va-t-il changer la donne ? Est-ce en fait un album tant attendu pour finalement pas grand-chose ? Qui sait, Coldplay serait-il devenu un groupe pop limite variété, maintenant que la Statue de la Liberté leur ouvre grand les bras et que leur leader forme avec son actrice de femme un des couples les plus glamours d’Hollywood ? Pour notre plus grand bonheur à tous, leurs détracteurs mis à part, toutes ces questions et doutes s’avèrent absolument infondés et inutiles. Hop, n’ayons pas peur des mots, le dernier album de Coldplay est un chef d’œuvre !

D’entrée, Square One nous donne le la : morceau comparable au premier titre de A Rush Of Blood To The Head, Politics, majestueux, intense, l’ambiance de l’album y est résumée. Suit What If, ballade absolument sublime qui démarre avec Chris Martin, seul, au piano -genre The Scientist- du Coldplay tout craché : piano, chœurs et guitare discrète mais présente. La suite de l’album n’est que du bonheur pour nos petites oreilles : les sujets abordés par la quatuor sont toujours et encore l’amour et ses complications, la solitude, la vie quoi ! Les claviers sont omniprésents, les guitares directes de Jonny Buckland et la voix de Chris Martin plus belle, plus constante et maîtrisée que jamais. Le tout nous offre des morceaux pêchus tels que White Shadows, Talk (pour ce titre, Chris Martin a gentiment écrit une lettre aux allemands de Kraftwerk afin de leur demander l’autorisation de sampler leur Computer Love) ou encore Low et le premier single Speed Of Sound (loin d’être le meilleur single des londoniens). Se mêlent à tout ça des titres plus doux tels que A Message, Swallowed in The Sea ou encore leur futur single Fix You, qui va crescendo et sur lequel chaque membre de Coldplay pousse la chansonnette et forme une seule et même voix en toute fin de morceau. Sans oublier X&Y, sûrement un des plus beaux titres de l’album, sinon le plus beau titre de l’album : claviers en fond, voix aérienne de Chris Martin qui chante « You and me are floating on a tidal wave, you and me are drifting into outer space… Togeeeeeeeeether », morceau destiné aux timides qui n’arrivent pas à déclarer leur flamme à leur âme sœur, inspirez-vous de cette chanson et c’est obligé de fonctionner, je vous assure. Enfin, Twisted Logic clôt cet opus : titre incontournable faisant écho à la bonne époque de Radiohead. Reste Til Kingdom Come, ballade à la guitare folk, morceau caché écrit à l’origine pour Johnny Cash qui n’a malheureusement pas eu le temps de l’enregistrer…

Vous l’aurez compris, X&Y est indispensable : fort, grandiose, monumental, les adjectifs qualificatifs manquent. Certains penseront forcément que c’est exagéré mais Coldplay, sans y paraître, derrière des mélodies et arrangements qui paraissent tout simples, ont en fait gagné leur pari, celui de produire un grand album pop indémodable bourré d’hymnes pour stades, un album qui côtoie la perfection. Mais jusqu’où iront-ils ? En ce qui concerne notre chère contrée, les dernières rumeurs les voient déjà jouer à Bercy à la rentrée… Dommage qu’ils ne se produisent pas dans une salle davantage intimiste. Mais qu’on le veuille ou non, la déferlante Coldplay est définitivement en marche.