Chronique Album
Date de sortie : 09.10.2015
Label : Warner Music
Rédigé par
Emmanuel Stranadica, le 22 octobre 2015
On pouvait s'interroger si la carrière de Johnny Marr en solo allait vraiment démarrer un jour. Guitariste de génie, adulé et pris comme modèle par de nombreux musiciens, collaborateur de multiples artistes de renommée, le Mancunien peinait toutefois à sortir de l'ombre. Certes, sans lui, The Smiths n'auraient jamais bénéficié de ces géniales mélodies qui vous marquent à jamais. Tout comme, sans Morrissey ce groupe n'aurait jamais eu l'impact qu'on connaît. Andy Rourke et Mike Joyce permettant de sublimer l'osmose du célèbre duo. Pourtant, Johnny Marr n'a jamais abandonné cette idée de se lancer dans une réelle carrière solo. Auteur de deux albums réussis en à peine deux ans d'intervalle, l'anglais a enfin osé poser sa voix sur ses propres mélodies. Il était temps !
Adrenalyn Baby est un témoignage live de cette ascension qui est probablement loin d'être terminée. Ce disque est essentiellement axé sur deux concerts datant d'octobre 2014 : ceux donnés à l'O2 de Londres, ainsi que, inévitablement, à l'Apollo de Manchester. Johnny Marr est alors en état de grâce avec une mécanique sonore parfaitement rodée pour la route. Axant la setlist davantage sur Playland, son dernier opus en date, le britannique ne délaisse pas pour autant les plages essentielles de The Messenger, son premier effort solo.
La fougue de The Right Thing Right, ainsi que celle de Generate! Generate!, vient brillamment s'incruster entre les principaux morceaux de Playland. Easy Money, Back In The Box, Dynamo ou Candidate, les chansons de son dernier opus sonnent parfaitement bien sur scène. Certains détracteurs se plaindront inévitablement du timbre vocal de l'anglais. Certes, Johnny Marr n'est pas un immense chanteur et ne le sera jamais. Mais celui-ci s'en sort plutôt bien.
D'ailleurs, comment lui reprocher d'oser s'aventurer sur quatre reprises live scène de son groupe culte ? D'autant que les versions sonnent parfaitement bien. The headmaster ritual a un rendu musical absolument majestueux. There Is A Light That Never Goes Out s'apparente à une divine communion avec son audience, Bigmouth Strikes Again et ses riffs de guitare ensorcèlent le public et How Soon Is Now? conclut avec force et brio cette prestation scénique. Faut-il regretter devant une telle réussite musicale l'absence du chanteur originel sur celles-ci ? Je n'en suis pas certain. A mon sens, même si cela reste très subjectif, mieux vaut une musicalité de haute facture qu'un massacre mélodique sauvé tant bien que mal grâce à la voix de Morrissey. Johnny Marr s'octroie aussi le luxe d'une version plus percutante de l'hymne d'Electronic, Getting Away With It, conjugué à une reprise de I Fought The Law des Clash qui n'a rien à envier à l'originale.
Même si on regrettera l'absence de trois ou quatre chansons qui faisaient partie des setlists de l'époque (dont Panic, Still Ill ou encore Stop Me If You Think You've Heard This One Before, trois chansons tirées du répertoire des Smiths) on se consolera grâce à cette version magique de New Town Velocity, joyau sans prix de ce guitariste magicien. Si Johnny Marr se demande encore « Can I get the world right here? », la réponse est définitivement oui.