De Rosa

Le point commun entre De Rosa et Rock Action Records, le label qui les signe ? Mogwai. La différence entre les papes du post-rock britannique et leur outil de production ? Elle se constate : le groupe est aussi prolifique que le désert Rock Action Records est aride.
Aussitôt, c'est un lieu commun qui s'impose : la qualité au détriment de la quantité ? Selon l'approche ascendante, aimée de nos amis statisticiens, on serait tenté d'y croire : le nouveau De Rosa, c'est vrai, a l'élégance des mets les plus raffinés.



Weem est du genre distingué. C'est un poème, un objet en tout temps délicat, et même lorsque les guitares se font plus véloces, les percussions plus sévères (The Sea Cup), rien ne saurait s'accaparer la quiétude venue habiller nos âmes le temps de quelques chansons, et qui ne nous lâchera que longtemps après l'écoute du disque passée. Exaltant lorsque pêchu (Spectres, Chip On My Shoulder, Fausta), touchant parce que dénudé d'artifices (Falling Water, Prelud To Entropic Doom, Devils), Weem est porté tout du long par une voix angélique et des instruments qui ont le bon goût de ne jamais jouer plus haut qu'ils ne le devraient. Tout ici est osmose.

La filiation avec Mogwai s'apprécie : comme leurs aînés, les Écossais aiment laisser filer leurs chansons pour que, seconde après seconde, minute après minute, elles prennent de l'ampleur et atteignent jusqu'au moindre de nos synapses. Et puis, il y a Fausta, pièce instrumentale et hommage plus direct encore à l'œuvre de Braithwaite et ses comparses. Mais De Rosa cultivent surtout un goût pour le titre court sans pour autant courir vers le tube au rabais. Ses intonations faussement naïves et son goût pour les mélodies à caractère rapprochent Weem des travaux livrés par les Death Cab For Cutie de Ben Gibbard et font de cet album, dénudé de véritable coup d'éclat, une belle tranche de rigueur, façonnée par le cœur de ses géniteurs. Weem est un disque vrai et, oui, c'est bien son âme qui se dessine, là-bas, au loin, à mesure que sa musique se déverse dans nos oreilles.

A n'en pas douter, De Rosa font partie de ces groupes talentueux autant que discrets, et si on peut espérer une chose, c'est que cette chronique, parmi d'autres, leur permettra de ne pas trop rester dans l'ombre. Prendre le soleil, à bonnes doses, c'est bon pour le teint. Pour le moral aussi.