Eliot Sumner

Eliot Sumner ne vous dit sûrement pas grand-chose mais I Blame Coco devrait vous rappeler les débuts d'une jeune chanteuse guitariste (presque) aussi talentueuse que son daddy, le fameux Gordon Matthew Thomas Sumner... alias Sting. Grande brune à la beauté ambigüe, Eliot Paulina « Coco » Sumner refait surface dans l'actualité musicale plus de cinq ans après un premier album très prometteur, The Constant. A l'image du single éponyme disponible depuis 2014, Information prend un virage électro-pop bien marqué où le synthé est roi.

Tombée dans la marmite, Eliot composait à 15 ans ses premiers morceaux aux accents reggae-ska très encourageants : 18 With A Bullet, 23 2D or not 2B, Bohemian Love. Avec I Blame Coco et The Constant, elle prouve à toutes les mauvaises langues qu'elle n'est pas uniquement une enfant privilégiée jouant à la starlette mais une artiste à part entière. Sous ses airs de garçon manqué, Sumner se montre aujourd'hui plus mature, forte de ses expériences aux côtés de Lykke Li, La Roux, Peter Doherty ou Miike Snow. Elle signe ici douze titres aux arrangements chiadés loin des morceaux acoustiques un peu bancals du début. Produit par Duncan Mills, le mentor de Jamie Cullum, The Vaccines ou de Jake Bugg entre autres, l'album est plutôt sombre bien qu'énergique, à l'image de sa pochette et du titre d'ouverture Dead Arms & Dead Legs : « I run to the left I run to the right/and all my fears become alive ».

Hélas, l'écoute complète de l'album déçoit quelque peu. Répétitifs, les morceaux se suivent et se ressemblent : le synthétiseur et la guitare produisent un matériau sonore électronique brillant qui, au bout de cinq titres, commence à nous lasser. Néanmoins ce n'est pas le potentiel qui manque. La voix alto d'Eliot charme par son androgynie, fait la singularité de sa musique et la distingue de ses contemporaines (merci papa). Le gros son rock de Halfway To Hell nous rappelle aussi, au cas où l'on ne savait pas, que la petite Coco n'a rien d'une gentille fifille. L'énergie et le talent abondent mais le tout manque de relief, d'accidents, on n'accroche pas. Les arrangements irréprochables en termes d'efficacité se répètent et amènent peu à peu l'oreille à saturation. Exception faite de Let My Love On Your Life, After Dark et le bonus pop-punk In Real Life qui dévoilent, au bout de plusieurs écoutes, plus d'originalité et de caractère.

Tout laisse à penser que cet album d'Eliot Sumner se déploiera tout à fait en concert. On rêve d'un live bien rock'n'roll où la jeune rebelle pourra donner de la voix comme bon lui semble, nous faisant vite oublier la version studio d'Information, trop froide, trop lisse.