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The Coral

Distance Inbetween

The Coral - Distance Inbetween
Chronique Album
Date de sortie : 04.03.2016
Label : Ignition Records
35
Rédigé par François Freundlich, le 8 mars 2016
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Le Coral nouveau est arrivé et il n'est pas content. Voilà presque quinze ans que nous les suivons, album parfait après album parfait, depuis cette fameuse première partie rêvée de Blur à l'Olympia en 2003 jusqu'à leurs dernières livraisons : Butterfly House en 2010 et The Curse Of Love en 2014 (mais enregistré au milieu des années 2000). On disait alors de The Coral qu'ils continuaient à faire du The Coral, de petites mélodies douces et flâneuses et que c'était parfait comme ça. Tout cela est terminé avec Distance Inbetween, un huitième album qui sort l'artillerie lourde.

Disons-le tout de suite : nous sommes désorientés dès la première écoute. Depuis six ans, des albums solos de James et Ian Skelly sont sortis, Lee Southall s'en est allé, remplacé par Paul Molloy (ancien guitariste de The Zutons) et le groupe semble en être sorti transformé. L'électrique décomplexé a remplacé l'insouciance rimbaldienne, la rythmique accélérée a pris les commandes. Mais le sens de la composition immédiate ne les a pas quittés et le bandeau qu'ils nous placent volontairement devant les yeux nous glisse rapidement le long de la joue. Les dérivations vocales de James Skelly nous prennent par les sentiments même si lui aussi expérimente en s'imbibant d'une reverb inhabituelle ou de déliés à la Josh Homme (impression renforcée par ces accompagnements de guitares puissantes). Les refrains accrocheurs restent dans une certaine continuité mais les solos de guitares et la production singulière demandent un approfondissement de plusieurs écoutes pour en prendre toute la mesure. Mais quelle mouche a donc piqué nos coraux ?

L'entrée en matière des trois premiers titres nous laisse seuls dans une maison hantée avec l'orgue inquiétant, les chœurs spectraux et les violons hantés de Connector. L'album est d'ailleurs très cinématographique, influencé par David Lynch et a même droit à son générique de fin sur le titre End Credits sonnant comme une vieille pellicule abîmée. Du rock psychédélique de la Beatlesienne White Bird au single percutant Chasing The Tail Of A Dream, The Coral semblent consumer la légèreté de leur premier album dans des braises frénétiques. James Skelly tente de nous calmer avec cette voix tremblotante de crooner sur la ballade en slow motion Distance Inbetween. S'ensuivent des riffs aiguisés de guitares à l'ancienne sur Million Days, un titre de rock old-school pur jus qui nous embrouille davantage qu'il ne nous rend nostalgique. On a parfois beaucoup de mal à les suivre sur trois ou quatre passages. Heureusement, des titres comme l'excellente Miss Fortune ou l'enivrante et mystérieuse Beyond The Sun, la perle cachée du disque, sont davantage dans leurs sonorités habituelles. Ce disque nous interpelle jusqu'à sa fin entre les chœurs profonds et mélancoliques bercés d'orgue sibyllin sur She Runs The River et cette conclusion dantesque en forme trou noir krautrock sur Fear Machine.

La légèreté bucolique de The Coral nous manque un tout petit peu mais Distance Inbetween arbore un virage plus « sérieux » dans la discographie du groupe. Peut-être est-ce justement l'entrée dans les « Inbetween Days » ou les illusions s'évaporent, ou encore la marque d'un des meilleurs groupes de ces quinze dernières années qui a su se réinventer.
tracklisting
    01. Connector
  • 02. White Bird
  • 03. Chasing the Tail of a Dream
  • 04. Distance Inbetween
  • 05. Million Eyes
  • 06.Miss Fortune
  • 07. Beyond the Sun
  • 08. It's You
  • 09. Holy Revelation
  • 10. She Runs the River
  • 11. Fear Machine
  • 12. End Credits
titres conseillés
    Chasing The Tall of A Dream, Miss Fortune, She Runs the River
notes des lecteurs
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