The Boxer Rebellion

Programmés au Point Éphémère à Paris le 8 mai prochain, The Boxer Rebellion dévoilent enfin leur cinquième album. Onze années ont passé depuis Exits et de l'eau a coulé sous les ponts. Le style a nettement évolué vers quelque chose de plus électronique et atmosphérique. Le groupe déjà bien rodé voit en leur nouveau Ocean By Ocean une consécration. L'heure est-elle venue de conquérir (enfin !) le public français ?

The Boxer Rebellion est originellement co-fondé par le chanteur/claviériste Nathan Nicholson, jeune américain débarquant à Londres en 2010, et Todd Howe, l'ancien guitariste soliste remplacé par Andrew Smith en 2014. Depuis The Splippermen (leur premier nom), le groupe a déjà quatre albums salués par la critique et un EP éponyme au compteur. Mais leur singularité vient surtout du fait que leur premier label Poptones a mis la clé sous la porte une semaine après la sortie de leur premier album Exits, en 2005. Depuis, ils ce sont débrouillés comme des grands. Besoin de personne, ou presque, puisqu'ils font régulièrement appel à de grands noms tel que Billy Bush sur Ocean By Ocean.

Le choc est brutal. Vous écoutez certains titres d'Exits comme The New Heavy, puis vous écoutez Ocean By Ocean, The Fog I Was Lost ou Weapon : l'écart est énorme. Moins une question de qualité qu'une question de style, ils sont partis d'un rock indé assez puissant pour se tourner aujourd'hui vers l'électronique et la légèreté, à la manière de leur principale influence commune : Radiohead. Ils composent avec leur temps, pourrait-on dire. Leur son rappelle l'ambiance des albums de The National, très aérienne et planante. Quant à la guitare électrique qui se déploie sur You Can Love ou Firework, on ne le répètera jamais assez, on entend U2 voire Coldplay.

Le morceau Big Ideas, sorti dès le 3 mars, résume les diverses influences du groupe et l'ensemble de la palette sonore déployée dans l'album. Depuis les premiers sons doux et feutrés jusqu'au climax épique où les choeurs se perdent dans l'écho, on est sensibles à la voix de Nathan Nicholson, qui n'a pas perdu de sa superbe. La batterie est davantage travaillée comme une percussion syncopée plutôt qu'à la manière très classique de la carrure rock. La frappe de Piers Hewitt a parfois des faux airs de celle de Dominic Howard (Muse) sur Resistance.

Ocean By Ocean se compose de morceaux souvent énergiques et épiques comme Let It Go qui débutent sur une instrumentation ténue et éclosent tout à fait à la fin, au risque de frôler l'emphatique lorsque les choeurs, l'orchestre et les claviers s'y mettent en même temps. Mais si l'on suit les cinq garçons de The Boxer Rebellion depuis leurs débuts, on saura les pardonner et se concentrer davantage sur la voix de Nicholson qui talonne les aigus de Thom Yorke.

Des moments plus calmes donne du souffle à l'album. La guitare sèche de Redemption est bienvenue dans ce climat électronique ; quant à Pull Yourself Together, le titre rappelle la légèreté de Sweet Dispostion, du groupe australien The Temper Trap.
A l'écoute de ces morceaux plus aériens, on est loin, bien loin de leurs premiers essais sur Exits. Comme ils nous l'avaient confié en 2011, les cinq rebelles mettent « un point d'honneur à essayer de ne pas refaire la même chose d'un album à l'autre. » Encore une prouesse cette année avec Ocean By Ocean. On se demande ce qu'ils peuvent encore nous réserver pour l'avenir.