Richard Ashcroft

A la poursuite de son ombre.

Le lad est de retour. Le bad boy de la britpop, celui qu'on a tous adoré haïr et aduler, celui qu'on voyait s'en aller, comme il était venu, acide et princier, nonchalant et charmeur, n'aura pas résisté à l'appel des studios et de la scène. Bien sûr, il ne s'en était pas tout à fait allé, participant de ci et de là à quelques projets d'amis ou tentant quelques albums solo ou de nouvelles aventures de groupe en 2009 avec RPA And The United Nations Of Sound...

Celui qui fut qualifié de diable à l'intelligence sournoise par son maitre d'école dès l'âge de onze ans et qui vénéra le football bien avant la musique fut également à l'origine d'un des hits les plus planétaires que l'Angleterre n'ait jamais proposé au sein de The Verve : Bitter Sweet Symphony. Passés les procès et les reversements de royalties aux Rolling Stones (qui eux même ne se gênaient pas pour pomper les Beatles) – on reprocha à Richard Ashcroft, à très juste titre, d'avoir pompé, un peu trop allégrement le titre The Last Time de ces mêmes Rolling Stones dans sa reprise par le Andrew Oldham Orchestra – le groupe The Verve se sépare puis se reforme, pour une troisième et dernière fois en 2007, avant de se séparer, à nouveau.

These People marque donc le retour d'un des enfants turbulents de la britpop des années 90. Quatrième album solo de Richard Ashcroft consacrant la première réapparition de l'artiste anglais depuis six ans, These People sortira sur le label Righteous Phonographic Association label via Cooking Vinyl Records.
Dix titres que Richard Ashcroft, seul responsable de ses déclarations, qualifie lui même de synthèse entre Funkadelic et Jimi Hendrix. Agrémentés d'un premier titre, Out Of My Body, qui puise allégrement dans l'electronica version Pet Shop Boys et d'un premier single et vidéo clip, This Is How It Feels où on le voit parader, crane rasé et Ray-Ban sur le nez sous une lumière très crue, on soupèse tout l'apport de la production d'un Chris Potter (The Verve, The Rolling Stones, U2...) qui fut, lui aussi, un des instigateurs du succès extra-terrestre de l'album Urban Hymns de The Verve, en 1998. This Is How It Feels et son thème lancinant et répétitif augmentés de la voix nasale d'un Richard Ashcroft qui semble avoir retrouvé son puissant flegme d'antan, s'offrent un solo sur violons en deuxième partie de titre qui le qualifie directement pour pénétrer la mémoire de l'auditeur et les étagères des directeurs de programmes des plus grandes radio rock...

Toujours prompt à dénoncer tout ce qui gratte, et en priorité dans son secteur d'activité, They Don't Own Me démange immédiatement l'ouïe de l'auditeur averti. Ballade vervienne s'il en est, le titre aurait tout aussi bien pu être le single de cet album tant la construction mélancolique composée de guitares en pleurs et de violons aux harmoniques montantes est adroite et synonyme de nostalgie pour tout quadra musicophile.
C'est à partir de là que ça se gâte un peu. Hold On ou These People patinent un peu avec cette section batterie basse constamment mises en sourdine au bénéfice de ces éternels violons qui finissent, à force par lasser. Le message est clair : N'oubliez pas qui a porté Bitter Sweet Symphony au sommet de l'Olympie du rock'n roll !
Ne comprenant aucun ingrédient choquant, Picture Of You s'écoule sans qu'on y prenne garde et rappelle, sans le vouloir, un titre plus ancien et des plus schizophrènes de l'histoire du rock'n roll, présent également sur Urban Hymns, The Drugs Don't Work (on se souvient de la consommation de stupéfiants de Richard Ashcroft pendant les années 90). Il faut attendre le dernier titre, Songs Of Experience pour retrouver un peu de créativité sonore dans le wah wah qui plane en fond et quelques notes de piano que l'ami Chris Martin n'aurait pas reniées.

Comme il l'a déclaré au micro de RTL2 avant une session très privée, « C'est l'heure de reprendre le territoire ! ». Pas de doute, Richard Ashcroft revient avec la verve qu'on lui connaissait, mais assez mal préparé pour l'important défi qu'il s'est lancé.