The Wytches

Décidément, le paysage du rock actuel aussi vaste qu'il soit, se voit redonner de plus en plus d'attrait pour la musique psychédélique de la fin des 60's. Un constat plus qu'intelligible, que les Wyches nous confirment à travers une lourdeur punk et des sons fuzz triplement stratosphériques. All Your Happy Life est le deuxième album fou du groupe, représentant ainsi une production bien plus propre et accessible qu'Annabel Dream Reader paru en 2014.

Fidèle à lui-même, le groupe reprend les grandes lignes de son précédent disque : des chansons comparables à des volcans en éruption, aka C-Side et Can't Face It ouvrant All Your Happy Life dans une atmosphère chaotique où les guitares ont le dernier mot. Heureusement, The Wytches tentent d'aller plus loin même si la réussite n'est pas assurée à chaque fois. Pour preuve A Feeling We Get pose ici une espèce de ballade salie par les sons électrifiés ainsi que des accords presque passe-partout. Quand à Throned, si le groupe veut faire concurrence à la lourdeur des Deftones, c'est réussi, mais c'est particulièrement schizophrénique si l'on compare le moment calme et la déflagration qui suit.

Plus intéressant et langoureux, le de son Ghost House rappelle l'épouvante, comme si Tim Burton usait de la noise music pour un film ô combien rempli de noirceur. La mélodie apporte ce petit plus qui perturbe et qu'on prend un malin plaisir à apprécier. Mais Wytches, c'est souvent des compositions maltraitées, soumises à la violence quasi omniprésente. De ce fait, on perd les quelques nuances et dynamiques de chaque titre car clairement, si le ton un peu plus iconoclaste de Bone/Avery montre d'autres couleurs du groupe, c'est bien moins le cas de la chanson hardcore Crest Of Death.

Grâce aux trois derniers titres, l'esprit pourtant noise devient un peu plus paisible (à prendre avec des pincettes, bien sûr). En effet, dans A Dead Night Again et Dumb Fill, les structures conventionnelles ont été transposées, ce qui marque un changement notoire dans les sons et l'identité sonore hautement débridés. Toutefois, on est encore loin de la pop conventionnelle. La magie opère sur la magnifique et inespérée chanson Home en faisant taire les gros préjugés cultivés par le groupe. Imaginez un panorama calme et vertueux, faisant planer à cent mille grâce à une mélodie rêveuse où les guitares claires laissent transparaître l'arrangement pink-floydien du clavier Rhodes, ou encore l'orgue Hammond qui inspire la tranquillité. Les gars de Peterborough se montrent bien plus sensibles dans cette essence douce et assumée bien plus chaleureuse. C'est d'ailleurs bien le seul titre de cet acabit.

The Wytches projettent encore leur personnalité noisy-rock originelle qui, comparée au premier disque, est toujours aussi parsemée de surprises et de tornades sonores. Il n'y a pas vraiment de mention spéciale à accorder à la prise de risque du fameux « second album ». Toutefois, on remarque la volonté de faire vivre coûte que coûte l'esprit de la no wave, et autres bizarreries hallucinées.