Slowdive

Il aura donc fallu attendre vingt-deux ans pour que le quatrième album de Slowdive puisse enfin voir le jour. Après une reformation en 2014 et une flopée de concerts, le groupe a décidé de reprendre le chemin des studios pour notre plus grand plaisir.

Mais que peut-on vraiment attendre après toutes ces années ? Est-ce que ce nouvel album s'avérera aussi décevant que le dernier de The Jesus And Mary Chain ou l'album du come-back de My Bloody Valentine qui sonnait davantage comme des chutes de studio de Loveless plutôt que comme un véritable nouveau disque ? Dès la première minute de Slomo où les guitares se mettent à nous délivrer ces sonorités éthérées, on réalise que c'est bien Slowdive qui est de retour. Et pourtant ils ne sont nullement dans la redite. Le son a changé. La batterie se fait plus électronique, l'atmosphère est plus lumineuse même si elle est toujours tapissée de brume. La voix de Neil Halstead se fait aussi différente, plus aigüe que d'accoutumée. Et la recette fonctionne puisque le morceau long de près de sept minutes est addictif. Après ce démarrage de toute beauté, Star Roving, premier extrait du disque éponyme, se positionne. Slowdive s'y montrent plus conformes à ce quoi nous avions été habitués par le passé en renouant avec leur son shoegazien.

Si les deux premiers morceaux font la part belle au chant de Neil Halstead, Rachel Goswell n'est pas en reste. Son timbre trouve une place de choix sur Don't Know Why. L'album se monte peut-être plus dépouillé que par le passé. Sugar For The Pill aurait peut-être pu figurer sur un album de Mojave 3. Les années ont passé depuis les débuts du groupe. L'empreinte de Pygmalion, précédent disque sorti en 1995, est toujours présente. On sent également une certaine joie dans les compositions de ce disque. Le groupe a probablement pris beaucoup de plaisir à composer ensemble ces nouvelles chansons et cela sans pression aucune. Bien sûr, Slowdive reste ce groupe mélancolique auquel nous étions très attachés. No Longer Making Time en est une parfaite illustration. La fin de l'écoute se fait plus expérimentale. Falling Ashes met parfaitement en lumière leur évolution musicale avec notamment cette répétition de notes de piano longue de huit minutes qui vient conclure de la plus belle des manières ce nouvel album.

Slowdive réussissent donc avec mention très bien leur grand retour dans les bacs des disquaires. Somptueux de bout en bout ce disque inespéré des anglais de Newcastle n'a pas fini d'occuper nos oreilles. Des retours de ce niveau, on en redemande !