Slowdive

Cette fois c'est vraiment du sérieux ! Après un concert dans la Grande Halle de la Villette lors de la reformation du groupe en 2014, Slowdive se produisaient de nouveau à Paris; cette fois dans la salle du Trabendo. Oui, du sérieux, car au-delà d'un concert archi-complet, c’est l’annonce d'un nouvel album, leur premier en vingt-deux ans, faite dans la semaine, qui remet complètement sur les rails le groupe de Reading.

Mais avant de pouvoir assister à ce concert événement, ce sont les français de Dead Sea qui ont ouvert le bal de cette soirée. Dans un Trabendo forcément plein à craquer, la brume a fait son apparition. C’est en effet dans un brouillard assez consistant que le quatuor va interpréter pendant trente minutes ses compositions. Plutôt bien en place et agréable musicalement, malgré un volume sonore relativement peu élevé, Dead Sea évoquent surtout les Cocteau Twins (la voix de Liz Fraser en moins bien entendu), mais aussi parfois Slowdive ou encore Wild Nothing voire Beach Fossils de chez Captured Tracks. On peut donc considérer que ce fut une parfaite entame pour cette soirée.


Il est 21h05 lorsque les lumières s’éteignent et que Deep Blue Day de Brian Eno retentit dans la salle parisienne. Les cinq anglais prennent possession de la sc_ne et démarrent leur set avec Avalyn, classique du groupe. Le son est de bonne facture, à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer. Les guitares rugissent comme aux plus belles heures du shoegaze et la voix éthérée de Rachel Goswell vient nous enivrer les oreilles. Lui ensuit le sublime Catch The Breeze. Fort et envoûtant, ce sera pourtant le seul extrait de leur premier album de tout le concert.
Une des grandes forces de Slowdive est d'avoir sorti de nombreuses compositions hypnotisantes. Sur scène la magie opère peut-être même davantage que sur disque car les sonorités occupent plus d'espace et apportent à leur musique une toute autre matière.


Si le concert de Dead Sea était assez brumeux visuellement parlant, celui de Slowdive se montre extrêmement lumineux. Pourtant sans un éclairage particulièrement haut de gamme, les anglais réussissent à illuminer le Trabendo sur la scène et surtout musicalement parlant. Avec ce nouvel album, c’est l’occasion de distiller un aperçu du disque entre deux classiques. Star Roving en sera la première illustration. Le son de la chanson est puissant avec ses guitares joliment mises en avant. Pour notre plus grand plaisir, les compositions de Slowdive n’ont rien perdu de leur grâce musicale.

Les anglais nous entraînent ensuite dans une des ballades très planantes dont ils ont le secret. Extraite de leur second album, Souvlaki Space Station n'a pas pris une ride malgré ses vingt-quatre ans d’âge. D'ailleurs c’est ce disque qui sera principalement à l’honneur dans la seconde partie du concert. When The Sun Hits et surtout Alison viendront rejoindre deux autres plages de Souvlaki déjà interprétées ce soir. Sugar For The Pill sera la seconde nouveauté de la soirée, avec Rachel Goswell au clavier. Mais l’électronique sera assez discrète tout au long du concert, et ce sont bel et bien les guitares qui restent à l’honneur chez ce groupe. L’univers de Slowdive n’aura donc pas viré vers l’électronique, comme la fin de leur carrière aurait pu le laisser paraître, notamment avec les versions présentes sur le maxi de remixes de In Mind.


La prestation du groupe est encore davantage sublimée en cette toute fin de set avec She Calls, face-b du Morningrise EP, et Golden Hair, reprise de Syd Barrett, concluant 1h15 de concert de toute beauté. Le groupe quitte la scène un bref instant et revient pour un rappel de trois titres. Tout comme pour débuter leur concert, c’est dans son premier EP que le groupe va piocher. Slowdive, morceau avec lequel tout a commencé chez Creation Records, inaugure l'encore. Le groupe nous gratifiera ensuite d’un troisième inédit de leur prochain album éponyme, avant un dernier retour vers Souvlaki; 40 Days concluant leur concert cette fois pour de bon.

On a souvent mis My Bloody Valentine ou Ride à des niveaux supérieurs à ceux de Slowdive. Pourtant, ce concert au Trabendo a montré que la formation, à l’aube de la sortie d'un quatrième album, n’avait rienà envier à ces deux groupes précités. Le groupe de Reading a su majestueusement nous enchanter pendant plus d’une heure et demie. En attendant un prochain concert en France au mois de juillet, on prolongera l’extase musicale le 5 mai avec les huit compositions de leur nouvel disque.