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Trailer Trash Tracys - Althaea
Chronique Album
Date de sortie : 11.08.2017
Label : Double Six/Domino Records
45
Rédigé par Johan, le 7 août 2017
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On n'avait pas entendu parler de Trailer Trash Tracys depuis la sortie de leur très bon premier album Ester en janvier 2012. La dream pop éthérée du duo londonien revient enfin en ce mois d'août, bien plus inventive et véritablement différente de ce à quoi l'on peut s'attendre d'une formation au nom aussi repoussant.

Il aura ainsi fallu plus de cinq ans à Trailer Trash Tracys pour accoucher de ce Althaea. Tout aussi mystique et nébuleux que son prédécesseur, ce second opus prend une direction plus expérimentale, n'hésitant pas à marier les styles, tout au long du disque mais surtout au sein d'une même composition.
Alors que l'ensemble aurait pu tourner en fourre-tout décousu, ce patchwork exotique confère une unité à Althaea que l'on ne retrouve très certainement nulle part ailleurs. L'ambiance à la Twin Peaks de la musique de Trailer Trash Tracys prend alors une toute autre tournure, conjurant rythmes latins et musique japonaise traditionnelle dans un écrin pop au croisement de Kishi Bashi et Asobi Seksu.



Cette évolution musicale offre dès lors une œuvre complexe qui ne cesse d'étonner tout au long de ses quarante minutes. Dès l'instrumental Smoked Silver, le ton est donné : ses sonorités japonaises passées en mode reverse portées par de lourds coups de batterie et de douces mélodies au marimba servent d'introduction à un disque assez singulier, que l'on pourrait comparer au I, Gemini de Let's Eat Grandma dans son ingéniosité à entremêler des genres totalement opposés.
Le premier single Eden Machine poursuit en ce sens, délivrant une nappe aux accents japonais traditionnels revisitée façon électro house stressante sur laquelle Suzanne Aztoria vient poser son chant magnétique. Il en va de même avec Siebenkäs qui, avec ses airs japonais saccadés et stridents mêlés à des rythmes africains, prend à son tour des allures de morceau atemporel.



Même les chansons plus posées contiennent également des arrangements alambiqués voire expérimentaux, telles que la néo psychédélique Gong Gardens sur laquelle les cordes vocales de la chanteuse se voient démultipliées à l'infini, ainsi que la ballade folk tropico-japonaise (é)mouvante Money For Moondogs.
Quelques perles rares sortent du lot, notamment en seconde partie d'album, à l'instar de la voix cristalline de Suzanne Aztoria sur l'envoûtant psychédélisme de Casadora et, surtout, la sublime Betty's Cavatina, point d'orgue de ce Althaea que l'on verrait bien joué à l'Opéra qui, avec ses différents instruments et ses arrangements aux petits oignons, crée une tonalité unique et mélancolique trouvant sa conclusion sur un final des plus grandiloquent.

S'ensuivent les trois compositions de fin qui, l'une après l'autre, affichent un univers à part, que ce soit l'odyssée musicale abyssale Singdrome, la pop ésotérique et sépulcrale de Kalesa ou encore l'instrumentale 100 Aspects Of The Moon et son atmosphère spatio-japonisante que l'on imagine déjà dans le prochain film de Wong Kar-Wai.
Perfectionné dans les moindres détails, Althaea se veut une œuvre saisissante et marquante à mille lieues de Ester, aussi bien dans la multiplicité de ses arrangements que la subtilité de ses mélodies. Cette évolution sonore explique très certainement ce gap de cinq ans entre les deux disques, la confection ayant dû être difficile si ce n'est laborieuse, mais on a là au final un objet arrivé à maturité mais constamment à maturation entre nos oreilles, preuve d'un album majeur, ou du moins remarquable.
tracklisting
    01. Smoked Silver
  • 02. Eden Machine
  • 03. Gong Gardens
  • 04. Siebenkäs
  • 05. Money For Moondogs
  • 06. Betty's Cavatina
  • 07. Casadora
  • 08. Singdrome
  • 09. Kalesa
  • 10. 100 Aspects Of The Moon
titres conseillés
    Betty's Cavatina
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