UNKLE

C'est peut-être parce qu'UNKLE a développé une techno intemporelle dont les racines plongent dans l'histoire de la musique pop que l'on ne s'aperçoit plus du temps qui passe entre deux disques. Sept ans de réflexion se sont ainsi écoulés depuis un très décevant quatrième album, impossible d'en rester là.

Dans l'intervalle, James Lavelle a pris les choses en main et il est dorénavant le seul membre d'UNKLE. Mais comme toujours les collaborations sont tellement nombreuses dans ce projet artistique que l'on ne peut pas parler de projet solo. La liste des collaborateurs est longue. Il a privilégié les voix qu'il connaissait déjà : le poète folk rock Keaton Henson, Liela Moss (The Duke Spirit), Mark Lanegan ou ESKA. Parmi les nouveaux venus, YSEÉE, les batteurs Jon Theodore (Queens Of The Stone Age) et Justin Stanley (Beck), Andrew Innes (Primal Scream) et quelques bidouilleurs électro comme Elliott Power et Mïnk.

On croirait voir l'affiche d'un festival éclectique, et ce n'est pas fortuit puisque le travail a commencé comme une évidence pour James Lavelle alors qu'il gérait sont édition du Meltdown Festival, dansant toujours entre démarche personnelle et ouverture sur les autres. Travail collaboratif, l'album n'en demeure pas moins très introspectif mais ne sombre jamais dans la claustrophobie ou la névrose personnelle. The Road Part 1 est un voyage initiatique qui commence par une série d'interrogations et un adieu. Être le témoin d'un tel voyage dans lequel l'artiste se livre totalement donne une dimension mystique à l'oeuvre.

Orfèvre des mélodies, des collages, des textures sonores et de la production, James Lavelle construit l'album parfait. Écoutez Looking For The Rain à fond. Le morceau est un condensé de ce qui se fait de mieux en musique : sentez les basses vous transporter et la voix rocailleuse Mark Lanegan, un fond classique, des chœurs gospel, une base rythmique électro et une construction pop. Le morceau résonne comme un ordre de marche mais adressé tel un hypnotiseur à une seule personne. Le meilleur, c'est que la chanson qui suit est encore plus belle : Cowboys And Indians est une superbe ballade avec un chant en forme de complainte mystique, un arpège de guitare envoûtant et une conclusion lumineuse. La douleur qui en suinte n'est pas sans rappeler Massive Attack période Heligoland.

Une fois que la route est lancée, l'auditeur ne peut plus rebrousser chemin, les pistes se déroulent jusqu'à la fin de cette sublime première partie en espérant qu'il ne faudra pas attendre sept autres années pour la suite.