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UNKLE

Interview publiée par Julien Soullière le 21 avril 2010

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De passage à Paris pour assurer la promotion du nouvel opus d’UNKLE, Where Did The Night Fall, dont la sortie est fixée au 10 mai prochain en Europe, c’est un James Lavelle très détendu, mais sans Pablo Clements, que nous avons rencontré dans un hôtel de la capitale.

James, depuis le départ de Richard File en janvier 2008, tu es seul aux commandes d’UNKLE avec Pablo. Comment as-tu vécu ce changement ?

Je travaille aujourd’hui avec Pablo et, en ce sens, il a remplacé Richard à mes côtés. Mais Pablo à eu l’occasion de travailler sur Never, Never Land, puis sur War Stories, donc en réalité il est impliqué dans UNKLE depuis un long moment déjà. Mais c’est vrai que le départ de Richard a été difficile à vivre, c’est toujours dur de se séparer de ses meilleurs amis.

Vous n’êtes plus en contact Richard et toi ?

Non, mais il m’arrive de le croiser de temps à autres et c’est toujours avec plaisir. Mais, tu sais, à la fin de notre collaboration, nous n’étions plus forcément sur la même longueur d’ondes et il a alors décidé de partir. En fait, je dirais que le moment le plus difficile n’a pas été la séparation, mais la période qui l’a précédée. Quand je croise Richard, je me rends compte aussi qu’il a perdu cette passion. Au final, c’est comme quand tu te sépares de ta femme... le sexe n’est plus aussi bon (rires) !

Le départ de Richard avait été présenté à l’époque comme un split du groupe, mais tu as depuis sorti End Titles... Stories For Film et maintenant Where Did The Night Fall sous le nom d’UNKLE. Pourquoi avoir continué sous ce nom ?

Tout simplement parce que ce nom est une marque. Je n’étais pas très enthousiaste à l’idée de le mettre de côté. Je pense qu’il faut savoir être respectueux de l’univers qui a été créé et qui est associé à UNKLE. A l’heure actuelle, il est très difficile pour un individu de créer, seul, quelque chose de nouveau. Quand bien même, les gens se réfèrent plus à une histoire qu’à une personne ou une autre. Richard et moi ne sommes que des pièces d’un puzzle appelé UNKLE et il est fondamental d’œuvrer dans l’optique d’entretenir l’histoire de ce collectif. Nous avons travaillé si dur pour créer quelque chose, développer une communauté autour d’UNKLE, qu’il était inconcevable de tout détruire comme ça.

Ce nouvel album semble mois sombre, plus enjoué, que les précédents. Comment expliques-tu cette évolution ?

Richard et moi avons une certaine noirceur, une certaine tension en nous. Pablo, lui, ne l’a pas. Il est comme un enfant, un personnage plus jovial, dont le tempérament a contrebalancé le mien. L’enregistrement de l’album s’est donc déroulé dans un environnement beaucoup moins sombre, et du coup, il n’est pas rempli de colère comme War Stories l’était, ou bien empreint de paranoïa comme Never, Never Land. Il y a également une forte présence féminine dans les collaborations qui explique sans doute cela également. Mais surtout, nous savions dès le départ qui nous étions et ce que nous voulions.

Dans quel état d’esprit a été enregistré ce nouvel opus ?

Une multitude. Je suis d’un tempérament changeant, et réagis en fonction de ce qui se passe autour de moi. Mais nous savions surtout en tête l’idée de faire de la bonne musique en utilisant au mieux tout ce que nous avons appris au fil des années.

D'une certaine manière, War Stories, était la parfaite bande-son de la guerre. Quelles ont été tes sources d’inspiration ? Les sonorités ou ambiance recherchées sur ce nouvel opus ?

Nous voulions quelque chose de plus psychédélique, de plus électronique. De moins noir également, de plus féminin aussi. Quelque chose de plus optimiste au final.

Tu penses, qu’à notre époque, nous avons besoin de plus d’optimisme ?

NOUS en avions besoin ! Bien sûr, j’espère que les gens vont adhérer à mon travail, mais faire un disque, c’est avant tout une démarche égoïste. Tu cherches d’abord à faire correspondre ce que tu fais à tes propres envies. Et nous souhaitions quelque chose de plus optimiste, en effet. Tu parlais tout à l’heure d’un album plus « féminin ». Existe-il une signification particulière pour la pochette de ce nouvel album, assez différente de celles des albums précédents ? Elle n’est pas si différente que ça des précédentes, je pense. Je dirais qu’elle sous-tend une certaine sexualité, une féminité qui m’a beaucoup influencée sur ce disque. Elle fait également la part belle à la lumière, à l’optimisme.

A la suite de War Stories a été publié un album de remixes, inédits et chutes studio. Cela est-il de nouveau envisagé ?

Probablement. Nous somme en train de travailler là-dessus en ce moment. Nous avons par exemple enregistré une version de huit minutes de la chanson Heavy Drug. Nous verrons bien ce qu’il en sortira...

War Stories était un album qui se prêtait fort bien à la scène. Quel est ton rapport à cette dernière ?

J’aime beaucoup ces expériences live. D’ailleurs, tu parles de War Stories, mais les morceaux sur Where Did The Night Fall ont également été pensés pour être joués avant toute chose en concert.

N’as-tu jamais pensé à recruter un vocaliste à plein temps pour, justement, faciliter l’interprétation des chansons en live ?

Et bien, Gavin est impliqué, je le suis aussi, John également... en un sens c’est déjà suffisant. J’espère également que ELLE J pourra s’impliquer d’avantage, mais ce n’est pas forcément évident, elle a ses propres activités à côté.

Habitué à travailler avec des invités prestigieux, tu as notamment fait appel à The Black Angels, Katrina Ford ou encore Mark Lanegan pour ce nouvel opus. Comment s’opèrent ces choix de collaboration ?

Comment choisis-tu tes amis (rires) ?

Je vois ! Mais certaines des collaborations envisagées ont-elles été abandonnées ? Y a-t-il des gens avec qui tu rêverais de travailler ?

Oui, bien sur. Nous avons des envies qui ne se sont pas encore réalisées, ou bien encore des chansons sur lesquelles ont collaboré certains artistes, mais qui sont encore en cours de finalisation. En fait, tout est question de temps. Il y a par exemple des gens que l’on a invités sur cet album et qui ont répondu positivement... mais trop tard (rires) ! C’est assez embêtant.

Que penses-tu de la scène musicale actuelle ? Y a-t-il des groupes/artistes que tu affectionnes particulièrement ?

Il y a déjà les gens avec qui nous avons collaboré, certains sont des nouveaux sur la scène musicale. Clairement, j’aime être à l’écoute des nouveautés, mais putain, il y en a tellement (rires) ! J’aime beaucoup ce que font Holy Fuck ou The Big Pink par exemple. Mais c’est, je dirai, le problème à l’heure actuelle : il y a tellement d’artistes, de groupes, que tu ne t’attaches plus vraiment à eux en tant que tel, mais plus à des morceaux, des titres. Si tu me demandes ce que j’écoute de nouveau, je serai donc incapable de te dire qui en est à l’origine. C’est pourquoi je retourne vers des artistes que j’aime depuis longtemps, comme Massive Attack ou Radiohead. C’est une forme de sécurité, tu vois ce que je veux dire ?

Très bien, oui ! Dernière question: après toutes ces années, ces changements de line-up, de sonorités, comment définirais-tu ce qu’est UNKLE aujourd’hui ?

Un voyage... c'est un voyage!