Novo Amor

Malgré une musique douce comme un gros édredon, Novo Amor nous assène un grand coup avec Birthplace.

Le premier album du Gallois évoque les grands espaces, les forêts denses, la lande, les embruns, les ciels s’étirant à l’infini. Son folk est comme le vent, aérien, passant en quelques instants d’un souffle délicat, qui fait danser les feuilles, à une bourrasque épique renversant tout sur la plaine.

C’est qu’Ali John Meredith Lacey, alias Novo Amor, a déjà publié six singles et deux EPs depuis 2014. L’homme a donc eu le temps de soigneusement sculpter sa matière sonore. On retrouve tout son savoir-faire de multi-instrumentiste et producteur sur ce Birthplace. Il construit patiemment sur ces dix titres des chansons cinématographiques et atmosphériques où tout n’est qu’espace, sérénité et beauté. Novo Amor compose comme on peindrait une toile impressionniste : à coup de couches successives évoquant la force des éléments. Percussions minimalistes, pickings de guitare acoustique dépouillés, pianos lointains, banjo, trompettes, cordes... Mais c’est surtout cette voix haut perchée, agile, chantant falsetto qui fait forte impression.

Avec ce mélange de délicatesse et de puissance, on pense immédiatement à Bon Iver, à Sufjan Stevens mais aussi au talentueux norvégien Thomas Dybdahl. Emigrate, qui ouvre les débats, est un moment de bravoure, une vague qui grandit pour finir en une explosion de guitares et cuivres. Birthplace, dont le clip émouvant et alarmant aurait pu fendre le cœur du PDG de Total, suit avec ses percussions horlogères chorales et ses envolées sublimes.


Plus loin, les beaux arpèges de guitare de Anniversary rappellent John Martyn et proposent un voyage fantastique, entre douceur et tourment. La mélodie de State Lines n’emprunte au contraire pas de chemin détourné et vise directement le cœur. Sleepless emprunte un bout de la mélodie de Up The Junction de Squeeze pour en faire un hymne folk aérien.

Alors que les Fleet Foxes sont empêtrés dans les méandres de chansons trop cérébrales, Novo Amor se présente comme le nouveau Hérault d’un folk moderne et ambitieux. Ici, l’expérimentation ne prend jamais le pas sur l’émotion. La richesse et la luxuriance musicale servent à créer des tableaux saisissants, qui emportent vers un ailleurs rêvé qui sait écouter.

Un coup de maître.