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Novo Amor

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 28 octobre 2018

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Le Gallois Ali John Meredith-Lacey aka Novo Amor vient de sortir avec Birthplace, l'un des plus beaux albums folk de ces dernières années. Un disque envoûtant et atmosphérique, invitation au voyage. Rencontre à Paris avec ce musicien talentueux qui s'avère aussi être un jeune homme sensible et délicat.

Ce nouvel album arrive seulement un an après Heiress. Il est rare aujourd'hui dans l'industrie musicale de sortir un album tous les ans...

Je ne pense pas que je sortirai un album tous les ans jusqu'à la fin de ma vie. Le processus de création de Heiress avait été très long. On avait bossé quatre ans dessus avec Ed Tullett. J'ai travaillé sur Birthplace de manière intense durant onze à douze mois. Ce disque est davantage mon bébé que ne l'était Heiress.

Tu as encore collaboré avec Ed pour ce disque ?

Il ne joue pas d'instruments sur l'album mais il m'a aidé pour l'écriture. On a travaillé ensemble sur la structure des morceaux. Je lui ai fait écouter les mélodies pour avoir son avis.

Tu aimes visiblement travailler avec lui ?

On a souvent bossé ensemble, c'est vrai. Si tu mets de côté ton égo dans la musique, c'est agréable de collaborer avec d'autres personnes. On passe beaucoup de temps ensemble. Il est même sur scène avec moi.

Tu as sorti beaucoup de singles et d'EPs avant ces deux albums...

C'est très étrange. Je n'avais jamais pensé à faire carrière dans la musique. Avec mon premier EP, j'avais voulu écrire sur mon expérience aux Etats-Unis. J'ai mis cinq ans pour trouver le bon lieu pour enregistrer ma musique. Un espace où je puisse mettre mes instruments, mon piano et qui devienne mon studio d'enregistrement. J'avais besoin de trouver le lieu où je me sente bien mentalement et physiquement pour créer.

C'est vrai que tu étais branché metal avant ?

J'aime les crescendos et les solos de guitare dans la musique. Plus que metal, j'étais branché par des trucs punk à la Green Day. J'étais batteur dans un groupe indie lorsque j'avais quatorze ans et nous jouions très fort.

C'est pour cette raison que tu a repris Welcome To The Jungle de Guns N' Roses ?

C'était une commande. J'ai fait ça pour une pub pour le déodorant Axe. Je me suis dit pourquoi pas...

Woodgate, le lieu où tu étais aux Etats-Unis en 2011 t'a beaucoup inspiré et continue de t'inspirer ?

Birthplace, c'est Woodgate. C'est un peu le lieu où je suis né à la musique. J'ai l'impression de répéter perpétuellement la même chose en musique, quelque chose qui est toujours lié à Woodgate.

Ta musique est mélancolique, sans être triste...

C'est vrai. Birthplace est sans doute moins mélancolique que ce que j'ai fait dans le passé. C'est un disque basé sur les mélodies. J'aime ce qui est mélancolique, pas ce qui est triste car je trouve que ce qui l'est s'apparente bien trop souvent à de l'auto-compassion.

Novo Amor signifie Nouvel Amour en portuguais. Tu as choisi ce nom après une rupture amoureuse ?

Oui, j'ai eu une belle relation d'amour à Woodgate qui s'est terminée. Ce mot, nouvel amour, était dédié à la musique. J'aime la tonalité de la langue portuguaise. C'est pour cela que j'ai choisi ce nom.

Est-ce le fait que tu viennes de la campagne qui fait que tu produis ce folk mélancolique ?

J'ai grandi à la campagne, dans une petite ville. Peut-être que si j'avais grandi dans une grande ville, ma musique serait plus électronique. C'est à Woodgate que j'ai commencé à écouter de la folk. Les paysages, les montagnes m'ont orienté vers cette musique.

La musique folk est celle que tu écoutes le plus ?

Sans doute. Je n'écoute pas trop de folk traditionnel mais j'aime le folk alternatif.

Nombre de critiques te comparent à Bon Iver. C'est une comparaison qui te convient ?

C'est assez cohérent. Je pense qu'on nous compare car les timbres de voix sont similaires. J'aime leur musique. Cela me va d'être comparé à eux...

Tu n'es pas que musicien mais aussi producteur. Comment vois-tu ce travail ?

Je me vois davantage comme un producteur que comme un artiste ou un songwriter. Je suis plus à l'aise pour produire un disque en studio que pour être sur scène par exemple. J'aime le côté créatif de la production.

Tes chansons sont courtes, comme l'est cet album...

Cela vient naturellement. C'est ce que j'aime. L'album est court mais il aurait pu être beaucoup plus long. J'ai des tas de chutes de de côté.

Le morceau Repeat Until Death traite de l'addiction aux drogues ?

Oui. C'est à propos de la relation que j'ai eue avec des amis qui sont morts ou qui se sont trouvés dans de graves addictions aux drogues. Certains se sont retrouvés dans des situations dramatiques. Le morceau parle aussi des maladies mentales qu'elles induisent.

Tes paroles sont poétiques avec souvent un double sens...

Oui, je n'aime pas que les paroles soient trop évidentes. Je ne suis pas influencé par la littérature mais par la façon dont la musique sonne. Selon la manière dont elle sonnera, cela apportera tel ou tel mot.

Ta musique est atmosphérique. Tu la veux ainsi ?

Oui, c'est cinématographique. Un peu comme la Bande Originale d'un film. J'aimerais bien dans l'avenir que l'on fasse appel à moi pour des Bandes Originales. C'est un travail qui me plairait.

L' album est comme l'étaient ceux des années 70. Un disque pensé dans sa globalité, que l'on écoute du début à la fin dans son intégralité...

Cela fait plaisir à entendre. C'est très important qu'un album soit comme une pièce de musique. Je ne voulais pas juste mettre dix morceaux à la suite les uns des autres. Je suis content que tu le ressentes comme cela car je l'ai voulu ainsi.

J'ai l'impression que tu préfères être dans l'ombre que sur scène ?

L'idée d'être sur scène m'a toujours effrayé. Il y a quatre ans, pour mon premier concert à Londres où il n'y avait pourtant que dix personnes, j'étais terrorisé. J'ai bu du vin pour me relaxer et du coup je n'arrivais plus à jouer de la guitare. Je n'imaginais pas être si nerveux à l'idée de jouer devant dix personnes. Ma voix vrillait. Mais cela va mieux. Je viens de donner des concerts à Londres devant neuf cent personnes et tout s'est bien passé.