Spring King

Deux ans après un premier opus plein d'entrain ayant révélé leur esthétique débordante de fougue, A Better Life, le nouvel album de Spring King, perpétue la folle effervescence de leurs compositions tout en leur donnant une toute nouvelle dimension créative.

Le disque ouvre sur une courte et monotone mélodie introductive répondant au nom de Static, qui, assurément mystique, nous fait doucement glisser vers un univers vaporeux finissant d'être porté par un air inachevé de saxophone. Celui-ci est coupé brutalement en plein élan par le retentissement éclatant des guitares déchainées d'Animal; un hymne bestial, primitif annonçant la couleur de la première partie de l'enregistrement. Celle-ci s'avère tout aussi explosive et entrainante que ce que le groupe nous avait proposé avec leur premier album Tell Me If You Like To : une symphonie terreuse, brute, clairement inspirée de l'univers du garage-rock. Le propos n'est pas moins acharné. Let's Drink est une ode à la débauche. "Just wanna drink on my own tonight" répète le chanteur à tue-tête, un vers tout autant teinté d'individualisme que d'alcoolisme dont l'ensemble ne flatte pas l'espèce humaine. L'illustration des déboires infâmes et obscurs de celle-ci continue avec Paranoid ou encore Ready For War, deux titres dont rien que les noms sont emprunts d'une brutalité qui transparait dans la mélodie générale de la composition avec une furiosité insatiable. Ainsi, si on ne se penche que sur cette première-moitié de l'album, son titre, A Better Life, se voit difficilement compréhensible.

Mais voilà, le fait est que cet enregistrement est teinté d'une extrême ambivalence. Après un The Hum plein d'entrain, un interlude, Lightning, vient arrêter net un empressement mélodique jusqu'ici prédominant pour introduire à l'œuvre une douceur tout à fait inattendue. De cette finalement introduction secondaire, s'ensuit une métamorphose non seulement du rythme, mais aussi du discours de l'enregistrement. Une transition textuelle que met parfaitement en lumière Have You Ever Looked Up Into The Sky duquel se démarque un jet de l'énoncé "Let the lightning, I've got the feeling that we're gonna see in the dark" lancé du ton joyeux ressortant de la mélodie plus propre, canalisée et travaillée de cette deuxième partie de l'opus.

Un engagement ouvertement politique vient s'introduire au texte. Sont abordés des problèmes sociaux aussi divers que le Brexit, le féminisme ou même le suicide, et c'est peut-être de l'analyse de tels sujets que doit partir la marche vers un monde plus chaleureux, un possible accès à "une meilleure vie". Loin de l'assourdissement tapageur du commencement, le dernier titre de l'album, Thunder, qui à défaut de faire gronder des guitares, propose une atmosphère allégrement nuageuse se dégageant de l'utilisation de synthés, rejoint le calme de l'introduction de l'album dont la sérénité avait été perturbée par une explosion rythmique fulminante (métaphore des déviances humaines).

Spring King adoucissent leur style pour coller à la morale de A Better Life, un album transitoire dont la violente fougue initiale est peu à peu tournée en un fort enthousiasme constructeur de conscience. Un panel mélodique si divers qu'il y en a pour tous les goûts !