Paul Smith

Trois ans après sa dernière évasion solo de Maxïmo Park, Paul Smith s'octroie une nouvelle aventure musicale sans ses complices habituels. La dernière fois, c'était sous l'appellation Paul Smith And The Intimations, et l'expérience s'était avérée plutôt pas concluante, bien meilleure en tout cas que celle réalisée en compagnie de Peter Brewis un an plus tôt. Néanmoins, suite au dernier album bien décevant de Maxïmo Park, on se demandait si ce nouvel effort en solo serait dans le même esprit musical ou si Paul avait décidé de s'engouffrer dans une toute autre direction...

Eh bien, c'est la seconde option qu'il faudra retenir. En effet, ce nouvel album, Diagrams, débute avec The Public Eye, petite pop song plaisante où le leader de Maxïmo Park pousse un peu trop sa voix par moment, mais où les quelques séquences de saxophone donnent à la chanson un petit côté jazz particulièrement séduisant. Résolument pop et contenant bon nombre de mélodies souvent plaisantes, ce nouveau disque de Paul Smith est donc bien aux antipodes de Risk To Exist, le dernier album de Maxïmo Park. Around And Around en est un parfait exemple. Le chant de l'anglais tout en subtilité séduit immédiatement. Il en va de même pour Lake Burley Griffin, véritable petite merveille lente et envoutante. A l'exception d'un Silver Rabbit aux guitares lo-fi flirtant avec un peu avec le hard rock, la première moitié du disque est de bonne tenue. Syrian Plains venant d'ailleurs donner un sérieux coup de fouet avec ses guitares joliment acérées. Ceux qui s'imaginaient un album un peu trop plan-plan reverront donc leur jugement un peu hâtif.

La force de Diagrams c'est avant tout les mélodies que Paul Smith nous livre pendant les trente-huit minutes de son disque. John pourrait devenir un vrai classique de mélancolie et de simplicité en tant que pop song. The Beauty Contest se montre par contre un tant soit peu plus dramatique avec ses guitares aux sonorités eighties. Sur celle-ci, une fois encore, le britannique prend le soin de poser calmement sa voix sur la mélodie et contribue à nous offrir une sorte de réconfort musical. On est vraiment très loin de Apply Some Pressure ou d'autres tubes post-punk composés avec son groupe habituel.
Si la première partie du disque était réussie, la seconde s'avère encore supérieure. Hollywood Hills et Head For Figures s'imposent comme deux véritables joyaux. Critical Mass se montre quant à elle un peu plus brouillonne que ses deux prédécesseurs. Mais Your Orbit vient conclure en douceur ce voyage musical souvent très mélancolique.

Paul Smith réussit donc brillamment son retour en solo. Si les compositions sont souvent moins complexes que celles de Maxïmo Park, les onze morceaux de Diagrams n'en sont pas moins séduisants et cohérents. Sorti probablement pour son unique plaisir, ce disque devrait toutefois séduire les fans de Paul et occuper les oreilles de ces derniers jusqu'à la fin de cette année 2018.