White Lies

FIVE, le nouvel album de White Lies, s'ouvre sur une superbe séquence d'Arpegiator, un peu à la manière de Who's Next. Sur ce synthétiseur gorgé d'écho, s'envole la voix franche aux superbes graves de Harry McVeigh. Une entrée en matière ambitieuse qui suffit à captiver instantanément. D'autant que le reste des sept minutes et trente-cinq secondes de Time To Give n'ennuient jamais. Car le morceau vire au baroque seventies avec son riff de clavier sur fond de clavecin électronique qu'on croirait sorti de Phantom Of Paradise. Pépite.

Une belle façon, aussi, d'annoncer une volonté de se réinventer après la déception de Friends. Avec FIVE, White Lies trouvent un beau point d'équilibre entre froideur coldwave des débuts et arrangements d'une grande richesse, crépitant de claviers analogiques et de tessitures exquises. Le tout pour se transformer en machine à singles pop ciselés.

Cette parfaite maîtrise du studio permet au groupe de donner leur pleine mesure à des morceaux épiques et chargés en émotions. Le trio d'ouverture se révèle ainsi particulièrement savoureux. Passé Time To Give, la pop énergique de Never Alone est une autre réussite, entre tube 80s et le Arcade Fire de The Suburbs. Sur la balade Finish Lines, les guitares acoustiques se mêlent parfaitement aux les claviers vintage pour créer une matière sonore chaleureuse et puissante, qui se conclut en un final en apothéose entre solo électrique et riffs de clavier.

Si Kick Me marque un arrêt en ployant quelque peu sous sa propre grandiloquence, Tokyo relève le niveau avec brio. Ce qui aurait était un tube en puissance sur la FM en 1985 s'envole avec une ligne de basse à faire frémir, un refrain hymnesque et un solo de synthé roboratif comme aux plus belles heures de la pop synthétique. Believe It est une autre belle réussite tout en dynamisme et pulsations analogiques. La noirceur et la pesanteur du final Fire And Wings devrait quant à elle ravir les fans de To Lose My Life.

FIVE montre en tous cas que l'inspiration de White Lies, après plus de dix ans de carrière, est loin d'être tarie. La production d'orfèvre de chacun de ces neuf titres parvient à réinjecter la dose salvatrice de rock'n'roll nécessaire pour tirer le groupe des choix peu judicieux qu'il a pu faire par le passé. Retour gagnant, donc.