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Kele

2042

Kele - 2042
Chronique Album
Date de sortie : 08.11.2019
Label : KOLA Records
35
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 13 novembre 2019
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Le nouvel album solo de Kele Okereke intitulé 2042 nous permet à nouveau d'explorer une des nombreuses facettes musicales du leader de Bloc Party.
La routine n'a jamais été du goût de l'anglais, tant les styles diffèrent selon ses nombreux travaux. Rock indé avec Bloc Party (surtout en début de carrière), virage electro dance avec son premier album solo et sa seconde casquette de producteur, un folk plus intime avec Fatherland en 2017 pour arriver aujourd'hui à son disque le plus riche niveau influences.

2042 s'intitule ainsi d'après la date à laquelle les populations minoritaires aux États-Unis sont censées dépasser en nombre la catégorie WASP dominante (blanche, hétérosexuelle et protestante). Seuil craint par beaucoup, spécialement dans l'hémisphère nord aux accointances trumpiennes, cette prévision et les nombreuses théories qu'elle génère est le postulat de départ de ce qui est à ce jour le disque le plus engagé de Kele Okereke.

Les thèmes abordés sont autant personnels qu'universels : les origines ethniques avec Between Me And My Maker, les conditions sociales précaires sur My Business, la discrimination raciale dans Natural Hair et les nombreux faits de sociétés notamment en Angleterre avec le très furieux Let England Burn qui passe au crible les politiciens en citant par exemple la catastrophe de l'incendie de la tour Grenfell.

On ne rigole pas avec cet album. Le résultat est une suite d'écrits très profonds, dont on sent qu'ils viennent d'un esprit cultivé, informé et se sentant réellement concerné. Il est vrai que les moins anglophones d'entre nous risquent de passer à côté de l'écriture pleine de références de Kele Okereke, mais ces derniers se rattraperont avec la richesse musicale de l'album.

Dès la première écoute, on comprend que le musicien ne s'est donné aucune limite quant à son inspiration. Tout ce qui a fait jusqu'à présent le son de Kele Okereke, décrié ou non selon les camps, est présent et se voit même abondé de nouvelles sources dans lesquelles il est venu puiser. L'afrobeat est prégnant en hommage à ses racines nigérianes. Le morceau Cyril's Blood, du nom du grand père de Kele, offre un mélange des plus surprenant.
La bossa nova s'invite aussi au menu, avec le titre Ceiling Games. La guitare est toujours présente de-ci de-là mais sans jamais dominer.

Le gout prononcé de Kele Okereke pour le hip-hop est également assouvi avec des titres comme Secrets West 29th au groove très sexy, Back Burner et St Kaepernick Wept. Comme à l'accoutumée depuis quelques années déjà, le son dancefloor reste un ingrédient de taille nous offrant quelques pépites comme Catching Feelings et Guava Rubicon.

En plus de son tracklisting généreux (seize titres), 2042 est riche en tout point. Les influences multiples réussissent à ne pas sonner brouillon, bien que les admirateurs de Bloc Party pourront se sentir encore un peu plus égarés dans l'univers véritablement fécond de Kele Okereke. Ce disque est à écouter d'une oreille curieuse, y coller une étiquette de genre étant quasi impossible.
tracklisting
    01. Jungle Bunny
  • 02. Past Lives (Interlude)
  • 03. Let England Burn
  • 04. St Kaepernick Wept
  • 05. Guava Rubicon
  • 06. My Business
  • 07. Ceiling Games
  • 08. Where She Came From (Interlude)
  • 09. Between Me And My Maker
  • 10. Natural Hair
  • 11. Cyril's Blood
  • 12. Secrets West 29th
  • 13. Catching Feelings
  • 14. A Day On National Shame (Interlude)
  • 15. Ocean View
  • 16. Back Burner
titres conseillés
    Let England Burn, Between Me And My Makker, Cyril's Blood, Catching Feelings
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