Badly Drawn Boy

Plusieurs années se sont écoulées depuis la sortie de la bande originale du film Being Flynn parue en 2012. Le cinquantenaire du Lancashire Damon Gough s'est donné du temps pour surmonter un divorce et une maladie de Crohn. Pourtant la première écoute de Banana Skin Shoes nous dévoile un bon nombre de refrains lumineux et d'ambiances parfois légères. Badly Drawn Boy développe ses mélodies du bonheur et donne l'illusion d'un groupe de rock au complet grâce à ses talents d'instrumentiste. À l'image de l'illustration psychédélique livrée avec le disque, les quatorze morceaux nous plongent dans les vagues tumultueuses de la pop, de la funk et de l'electronica en même temps.

Comme nous l'avons vu précédemment, les inspirations de Banana Skin Shoes viennent avant tout des montagnes russes de la vie de l'anglais. Les virages ou les descentes sont parfois inégaux dans leurs formes, mais ils rythment les sensations du manège. Avec Banana Skin Shoes en ouverture, la première impression de ce retour est positive : les instruments dialoguent entre eux comme si Parliament et les Chemical Brothers avaient pris un rendez-vous le temps d'une improvisation collective. Avec des années d'expérience en studio, il va de soi que la qualité sonore du nouvel album a été travaillée avec minutie.

Nous retrouvons cette volonté de rester abonné au format radio et aux structures efficaces, alors que Damon nous offre des singles variés. L'heureux couplet/refrain de Is This A Dream? est à reprendre en chœur, au même titre que les espoirs racontés dans I Need Someone To Trust. À travers cet ensemble contrasté par l'introspection ou la remise en question (Note To Self, Never Change), les arrangements participent également aux changements d'humeurs. Lorsque la tension est relâchée, les ballades nocturnes sont mises en avant avec la folk suprême de You And Me Against The World ou Funny Time Of Year.
À l'arrivée, peu de titres sont à classer dans la rubrique des erreurs de parcours : I'll Do My Best offre une fin heureuse mais plus niaise que les précédentes suites d'accords, sans oublier que le single I Just Wanna Wish You Happiness a la saveur du déjà-vu de part ce petit cliché amoureux que l'on retrouve dans la mélodie vocale.

Banana Skin Shoes est surtout synonyme d'un retour enchanté. Avec Badly Drawn Boy, la palette des sentiments sincères semble infinie depuis que celui-ci écrit et compose sa musique. En 2020, le musicien qui n'a plus grand-chose à prouver et mériterait même davantage de reconnaissance à l'heure actuelle. Au moins nous sommes sûr d'une chose avec ce dernier disque : Damon Gough reste une figure harmonieuse de la pop/folk à l'anglaise, et a trouvé ici le moyen de nous laisser encore imaginatifs après les cinquante minutes de cette dernière œuvre.