The Wytches

The Wytches se sont fait connaître en 2014 avec leur très bon premier LP Annabel Dream Reader, petit bijou qui réussissait le pari du revival rock psyché des années 60 teinté d'une touche moderne plus en adéquation avec notre époque. La formule magique fonctionnait à merveille et marquait les débuts brillants des quatre musiciens de Peterborough.

Il fallait attendre deux ans pour voir une suite à ce premier essai réussi. Si on retrouvait bien les sons rétros et les ambiances old school du premier album, l'effet de surprise n'opérait plus et All Your Happy Life s'aventurait sur des sentiers bien plus balisés. La magie des débuts avait tendance à sensiblement s'éroder, mais le groupe maintenait un degré d'exigence certain dans ses compos malgré un ensemble légèrement plus convenu.

Quatre ans plus tard, The Wytches ont décidé de reprendre leur messe noire et nous présenter leur troisième effort du nom de Three Mile Ditch. Visiblement, pas de rétropédalage en vue, Three Mile Ditch s'inscrit dans la continuité de l'album précédent, certainement au grand dam de ceux qui attendaient le retour des compos délurées des débuts.

Point d'inquiétude pour les fans cependant, The Wytches restent sur cette bonne vieille recette psyché qui fait leur identité. Pour preuve l'entrée en matière percutante avec ce CowBoy est réellement des plus plaisants. Les guitares sont lourdes, mais le groupe peut passer sur un registre plus clair comme sur Fly Inside. Les riffs très vieux rock sont ravageurs, comme sur le morceau éponyme ou sur Meat Chuck. Il ressort de la musique de The Wytches des ambiances parfois sombres à la Black Sabbath, mais le quatuor a le talent suffisant pour éviter une caricature qui pourrait vite devenir grotesque. L'amalgame entre ce son vieillot et une approche résolument moderne accroche immédiatement et capte l'attention des plus réticents au rock des années 60-70.

The Wytches s'essaient également aux balades. Ainsi, Midnight Ride, mélancolique à souhait avec ses arpèges soyeux, ou sur A Love You'll Never Know et ses claviers satinés, révèlent des pauses agréables dans ce tourbillon de guitare. Dans cette catégorie, la très étrange Silver Trees embarque l'auditeur pour un voyage de nuit onirique au creux d'une forêt boisée. C'est bien amené, mais jamais la mélodie ne tombe dans l'évidence ou la facilité.
White Cliffs est peut-être le morceau le plus accessible, et le plus éloigné de tout ce qu'ont pu créer The Wytches. Ce titre aux contours pop et à la mélodie imparable fait pourtant mouche immédiatement et s'impose comme un des grands moments de l'album. Il dévoile les capacités du groupe à sortir de sa zone de confort sans rogner sur la qualité d'écriture. L'album se conclut par You Looked Happy To Me, sorte de happy ending au son lourd conforme à l'esprit du groupe.

Moins originaux que sur le premier album, et dans la lignée du second, The Wytches parviennent tout de même à livrer un LP marqué par une identité forte et une fraîcheur enivrante malgré la volonté assumée de devenir plus sage au fil des albums. Mais l'ensemble ne manque pas de panache. Ces gars jouent sur un registre très second degré sans jamais tomber dans le ridicule. On regrettera pourtant la folie perdue de Annabel Dream Reader mais The Wytches ont décidé d'avancer et de passer à autre chose. Sans être révolutionnaire, ce Three Mile Ditch vous fera assurément passer un bon moment.