Little Barrie & Malcolm Cato

Il est toujours très difficile pour un groupe de voir disparaître l'un de ses membres. Et encore davantage quand le groupe en question donne dans la formule power trio à la Cream ou The Jimi Hendrix Experience comme c'était le cas pour Little Barie.

Trois ans après la disparition de leur fort talentueux batteur Virgil Howe, fils du non moins talentueux Steve Howe de Yes, Little Barie nous reviennent malgré tout et c'est déjà en soi une bonne nouvelle. Certains groupes et non des moindres, Led Zeppelin en tête, avaient baissé les bras après la mort de leur batteur jugé irremplaçable (et il est vrai qu'il ne peut y avoir qu'un seul John Bonham). Little Barie n'ont pas choisi cette option mais considèrent eux aussi que Virgil Howe est irremplaçable et c'est pourquoi Malcolm Catto de The Heliocentics ne devient pas membre du groupe à part entière (d'où l'appellation Little Barie & Malcolm Catto, ce dernier faisant office de guest star de luxe).

Si le combo a perdu un grand musicien, il a en revanche conservé tout son talent. Produit par Malcolm Catto en prises live sans presque aucun overdub, cet album montre des musiciens toujours aussi doués et inventifs. Rest In Blue qui ouvre l'album est, n'ayons pas peur des mots, un chef d'oeuvre. Un très très grand morceau psychédélique à l'esprit 60's mais doté d'une production moderne avec des parties de fuzz splendides, avec en sus un refrain à l'évidence imparable et des vocaux à tomber par terre. Une merveilleuse entrée en matière.
La suite va être au diapason. You're Only You est encore plus ouvertement sixties que le titre précédent puisque qu'il convoque avec élégance l'esprit des Byrds et des Yardbirds avec un petit côté mod à la Creation pour parfaire le tout. Les parties de guitare sont, tout comme sur Rest In Blue, magnifiques. Repeater #2 fleure lui aussi le meilleur des 60's mais cette fois sur un rythme plus mid tempo.

Le genre musical dans lequel officie le groupe réclame en général des titres instrumentaux. Little Barie et Malcolm Catto vont nous en offrir deux dans des styles très différents : T.R.A.B.S. sonne très surf et on imaginerait volontiers l'entendre dans un film de gangsters japonais 60's alors que After After avec ses huit minutes au compteur sonne très heavy psych 60's.
Le groupe est encore au sommet de son art sur le splendide Steel Drum doté là encore de guitares fuzz du meilleur effet, un titre qui fait, presque, replonger dans l'esprit de la Roundhouse en 1967 tant les lumières scintillent à son écoute, ou sur Repeater #1, là encore trait d'union idéal entre amour des 60's et celui d'une production de notre temps.

On est très heureux de voir Little Barie de retour, et encore plus heureux qu'ils nous offrent cette merveille. Un disque majeur de cette année si particulière.