Quatre ans après un remarquable Quatermass Seven, Little Barrie et Malcolm Catto nous offrent un non moins remarquable Electric War. Un disque qui mélange psychédélisme 60's, jazz et vieux funk pour notre plus grand plaisir. Entretien avec Barrie Cadogan, de retour d' une jolie tournée anglaise.
Votre précédent album, Quatermass Seven, est sorti il y a plus de quatre ans. Pourquoi un temps aussi long entre les deux disques ?
Pour plusieurs raisons. Le COVID-19 en est une. Une autre raison est que nous sommes tous impliqués dans des projets différents en dehors de celui-ci. Depuis 2020, je fais beaucoup de sessions en studio et des tournées. J'en ai fait une avec Liam Gallagher, puis une autre avec Liam et John Squire, qui ont été suivies d'un album et d'une tournée mondiale avec The The. J'ai aussi enregistré et sorti un album avec Shawn Lee sous le nom d'Ultrasonic Grand Prix. Il nous a fallu en plus de tout cela du temps pour trouver le meilleur label pour l'album Electric War une fois qu'il était terminé.
Votre premier album avec Malcolm Catto est sorti à l'époque du COVID-19. J'imagine que c'était difficile pour le disque d'exister/d'avoir une vie ?
C'était une période surréaliste et très difficile pour beaucoup de gens dans l'industrie de la musique. Il n'y avait pas de concerts et moins de sessions en studio, et pas de travail pour les gens qui tournent en tant qu'équipe. Quand les concerts ont finalement repris, c'était très compétitif pour obtenir un concert car tous les groupes voulaient faire une tournée. De plus, les délais d'attente pour le pressage des vinyles étaient très longs, donc tout a été différent.
Malcolm est arrivé à ce moment-là, après le décès de Virgil Howe. C'était une continuité mais d'une manière différente ?
Après la mort de Virgil, nous avons été dans le pétrin pendant un certain temps. Lewis et moi-même savions que nous devions revenir à la musique d'une manière ou d'une autre, mais nous ne savions pas comment. J'avais parlé à Malcolm de faire un projet un jour ensemble, alors nous avons décidé d'essayer de travailler sur certaines chansons dont j’avais fait des démos pour voir ce que cela donnerait. Nous pensions que nous allions peut-être enregistrer deux chansons pour un single collaboratif, mais nous avons fini par obtenir un album de sept titres que nous avons vraiment aimé. C'était vraiment bien d'être à nouveau en studio et de travailler avec Malcolm.
Est-ce pour cela qu'aujourd'hui c'est encore Little Barrie et Malcolm Catto ?
Oui, c'est un projet différent de Little Barrie.
Quatermass Seven était vraiment inspiré par les années 60. C'est aussi le cas pour cet album mais j'ai l'impression que le disque est plus diversifié musicalement. Je dis cela parce que certaines chansons ont une approche jazz ou funk...
Il y a beaucoup de musique des années 60 que nous aimons ainsi que d'autres musiques qui ne sont pas de cette époque. J'ai l'impression qu'avec Electric War nous avons construit autour de ce que nous avions accompli pour Quatermass Seven. De nouvelles idées ont émergé de ces premières sessions. Je suppose que nous avons toujours été dans le funk et le R&B. Le jazz est un genre tellement énorme que je le connais assez peu. Je dirais que Malcolm apporte cette touche jazz dans le groupe. J'ai toujours aimé l'approche plus jazzy de la batterie. J'aimerais pouvoir jouer de la guitare jazz comme Kenny Burrell ou Grant Green.
Il y a quelque chose de vraiment impressionnant sur ce disque, le fait que l'auditeur soit hypnotisé par la musique. C’est votre but ?
C'est intéressant, merci ! Nous allons simplement vers ce qui nous fait du bien musicalement. Nous voulions faire la musique qui nous intéressait et ne pas nous soucier du genre ou de ce qui pourrait être commercial. J'aime vraiment le fait que ce groupe joue un mélange de chansons et d'instrumentaux étirés. Les deux sont tout aussi importants par rapport à ce que nous sommes en tant que musiciens. Parfois, nous nous perdons aussi dans la musique.
Vos principales inspirations vont des 13th Floor Elevators aux Beach Boys ?
Bien sûr, nous aimons tous 13th Floor Elevators dans le groupe. Nous aimons beaucoup de musiques différentes, trop pour être mentionnées. J'aime bien certaines chansons des Beach Boys, mais elles n'ont pas inspiré Electric War. J'aime l'ambiance du blues original, du R&B, du funk et j'essaie de trouver des moyens d'intégrer cet esprit dans notre propre musique sans essayer de le copier. Malcolm a une connaissance incroyable de la musique que je n'ai jamais entendue auparavant. Lewis aussi, ils me jouent toujours des disques cool, ce qui est très inspirant.
Tout l'album a été enregistré dans le studio de Malcolm ?
Oui !
L'ensemble de l'album est enregistré en analogique. Est-ce pour rendre le son plus chaud ?
Malcolm pourrait t’en en dire plus à ce propos. L'album a été enregistré en utilisant beaucoup de matériel analogique mais n'est pas entièrement analogique.
Vous avez travaillé avec Dan Auerbach des Black Keys sur ce disque. Comment fonctionne-t-il ?
Nous avons travaillé avec Dan en tant que producteur sur les disques d'autres artistes dans son studio à Nashville. C'est ainsi que nous nous sommes rencontrés. Il aime travailler très rapidement et spontanément, en enregistrant autant de musique que possible en direct, ce que peu de gens osent faire de nos jours. C'est une façon passionnante de bosser. Dan est très doué pour choisir les bons musiciens pour les bons projets et j'adore son studio, c'est un endroit où il fait bon être avec plein d'instruments et de sons inspirants. Tout sonne bien dès que tu entends une piste. Ses ingénieurs et son personnel sont vraiment cool aussi. Je voudrais aussi dire à propos de mon travail avec Malcolm en tant que producteur qu'il a poussé mes propres idées et compositions vers de nouveaux territoires, ce qui a donné lieu à une musique plus forte et plus originale. J'aime beaucoup sa production et son mixage. C'est toujours amusant de jouer ensemble.
Vous avez signé sur le label de Dan. Pourquoi ce choix ?
En travaillant avec lui sur des sessions aux studios Easy Eye. Nous lui avons envoyé l'album pour qu'il l'écoute et il l'a aimé.
Y a-t-il l’envie de jouer ce disque live ?
Nous venons de terminer une tournée au Royaume-Uni. Cela a été un super moment.