Chronique Album
Date de sortie : 23.10.2020
Label : Phases Records
Rédigé par
François Freundlich, le 12 novembre 2020
Non, The Last Dinosaur n’est pas le dernier groupe de Denver mais bien le projet du songwriter de l’Essex, Jamie Cameron. Préparez-vous à un moment hors du temps de vingt-six minutes de rêverie pluvieuse et délicate, entre folk tremblotant et ambient orchestral et pluvieux.
Dès le premier titre Wholeness And The Implicate Order, nous voilà emportés sur des terrains cinématographiques d’inspiration classique, un peu comme si l’on suivait l’évolution d’une tempête automnale avec ses instants de calmes et ses emportements subits. Les notes de piano s’y emmêlent à des cuivres grandiloquents qui s’élèvent en crescendo. Les quatre saisons du dinosaure. Ce disque inspiré par la nature, sa richesse, sa finesse et sa fragilité se délecte d’un certain mystère présent sur chaque pièce du puzzle. Son intemporalité n’a d’égale que sa très grande contemporanéité. On s’y trouve comme dans une nuit étoilée et infinie. L’enfance est un thème central de l’album puisqu’une certaine fragilité se mêle à la force instrumentale, se dégageant d’un minimalisme global saisissant. L’impression d’enfermement ressort de certaines résonances comme sur In The Belly Of A Whale où la voix de son amie Amy Acre récite une histoire entre l’insipidité de l’être et le retour à Mère Nature, sur un fond de chant de baleine et quelques notes de piano délicates.
Le disque est à écouter par temps pluvieux pour ne pas trop être dépaysé. On retrouvera des sons de pluie sur Shower Song où les boucles de guitare acoustique sont parsemées de murmures lointains et intenses, rappelant Flotation Toy Warning. Le clavier s’envole comme un oiseau sur Spirit Of The Staircase, berceuse bricolée dotée d’un saxophone s’échappant de la nuit. Untitled Piece For Piano & Viola semble pris sur le vif, comme enregistré dans une chambre éclairée à la bougie, avec ces plages de violon alto frémissants. Des murmures lointains semblent être le seul élément qui rapproche ce titre de l’humain. On se trouve emmitouflé entre les dispersions de piano et de violons, devenant de plus en plus gais lorsque la batterie en crescendo apparaît. « I’m made of dust » nous susurre la balade intimiste Errant Child en quasi ASMR. Les voix d’enfants s’élèvent sur The Wheelbarrow, mixées sur un piano et quelques beats en slow motion. Les foisonnements de cordes et claviers s’y embrasent dans des apothéoses qui ne s’éternisent jamais.
Une sensation d’élévation se détache, surtout en écoutant Wholeness les yeux fermés dans le noir. Il permettra d’oublier à peu près tout ce qu’il se passe autour de nous, ce qui, avouons-le, tombe extrêmement bien. The Last Dinosaur parle à notre cœur pour nous faire ressentir sa musique au plus profond de nous. Juste le temps d’un frisson et c’est parti, terminé.