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The Last Dinosaur

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 5 mars 2018

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The Nothing de The Last Dinosaur est un superbe album de folk intemporel qui a valu au groupe les éloges de la presse outre-Manche. Certains magazines musicaux l’ont même classé dans leurs tops ten 2017. De passage à Paris, nous avons rencontré Jamie Cameron et Rachel Lanskey, musiciens talentueux tout autant que personnes charmantes, qui nous ont parlé de la genèse de ce projet.

Pourquoi un temps aussi long depuis votre premier album, Hooray! for Happiness ? Sept longues années...

Jamie : Après le premier album, je me suis dit qu'il fallait que j'apprenne vraiment à jouer de la musique. On a eu la chance de trouver un éditeur qui nous a donné de l'argent. Le mix a été très, très long. J'avais l'impression que ce n'était jamais parfait. On a dû trouver la personne qu'il nous fallait pour le mix. Cette période a été interminable tant nous voulions faire les choses de la manière la plus aboutie possible...

La période d'enregistrement s'est étalée sur neuf ans ?

Rachel : Il y a eu des pauses très longues durant l'enregistrement de l'album. Cela a pris deux ans pour le faire mais nous avions aussi d'autres projets musicaux à côté. Nous avons commencé à l'écrire en 2009 mais tout ne s'est pas fait en continu.

Jamie, l'album est-il un disque sur la mort de ton ami James McDonald (ndlr : tué dans un accident de voiture) ?

Jamie : Je suis passé par une période de grande dépression après sa mort. L'album n'est pas seulement sur sa mort mais aussi sur celle de mon père, de sa rupture avec ma mère et de ce qu'il aurait aimé que je fasse. C'est un disque qui explore la mort de différentes manières.

Lorsque tu composes avec ton meilleur ami, tout devient facile.

Lorsque tu écris aujourd'hui, tu as à l'esprit la façon dont tu composais avec James ?

Jamie : Pas vraiment car j'écrivais déjà de la musique avant d'en faire avec lui. La rencontre avec James a été importante parce que je ne me préoccupais plus de savoir si ce que j'écrivais était bon ou pas. Lorsque tu composes avec ton meilleur ami, tout devient facile.

The Body Collapse ou We'll Greet Death sont directement des morceaux sur la mort , non ?

Jamie : Ce sont peut-être des chansons sur la mort mais aussi sur le fait de se sentir vivant, d'être d'une certaine manière indestructible. Ce n'est pas pensé de façon religieuse mais cela exprime la sensation de sentir quelque chose de lumineux.

Même si le disque traite du thème de la mort, ce n'est pas pour autant un disque triste...

Jamie : Il est vrai car c'est un album sur l'espoir. Ce serait horrible de composer un disque qui ne tourne qu'autour de la mort. C'est un album sur la vie, sur le fait de se sentir vivant.

En dehors du thème de la mort, le disque tourne autour de celui de la nature...

Jamie : Oui, nous avons grandi à la campagne. Je n'irai jamais vivre à Londres. J'ai besoin de la nature, des arbres. Nous ne produirions pas la même musique si nous habitions dans une grande ville. On ne fera jamais de la musique urbaine comme du hip-hop ou de la musique industrielle.

L'album, à travers les différents morceaux qui le composent, est une pièce.

Le disque est très atmosphérique. C'est presque un album dont l'inspiration est proche de celle de la musique classique...

Jamie : C'est comme une symphonie. L'album, à travers les différents morceaux qui le composent, est une pièce même si cela peut paraître prétentieux. Tu ne penses pas consciemment à faire cela mais inconsciemment c'est comme si tu écrivais les chapitres d'un livre. Même si ce que nous écrivons n'est pas fictionnel.

Le disque a un esprit folk. C'est la musique qui t'inspire ?

Jamie : J'ai grandi en écoutant de la folk. Mon père écoutait Fairport Convention, Nick Drake...

Rachel, tu as une formation de musicienne classique. C'est ce que tu écoutes principalement ?

Rachel : J'adore jouer du classique. Mon père est un musicien classique. Mais en réalité, je n'en écoute pas tant que cela...

L'album m'a fait penser à Eliott Smith...

Jamie : Il y a des morceaux de lui qui figurent parmi mes morceaux préférés de tous les temps. Oui, il m'a inspiré, tout comme Sparklehorse. Je serais fier que l'on dise de ce que je fais ce que l'on peut dire sur Elliott Smith ou Nick Drake car ils sont tellement importants dans l'histoire de la musique...

Sur cet album, les voix sont parfois à l'arrière-plan. Pourquoi ?

Jamie : J'aime Red House Painters qui faisaient déjà cela. C'est aussi parce que je ne suis pas assez confiant dans ma voix. Et également, pour que la musique prenne la place la plus importante du mix. Je trouve que dans les productions actuelles, la voix est souvent mixée trop en avant. J'aime Talk Talk. On ne comprend pas ce qui est dit et c'est comme si la voix était un instrument à part entière.

Où avez-vous enregistré l'album ?

Jamie : A 80% chez nous dans l'Essex. Le reste, nous l'avons créé dans les studios où Mike Oldfield a enregistré Tubular Bells.

Vous avez reçu des critiques dithyrambiques. Certains magazines ont classé votre album dans les classements de fin d'année en 2017. Cela a dû être un immense bonheur pour vous ?

Jamie : Tu ne peux rien espérer de mieux. Nous sommes sur un petit label qui est principalement spécialisé dans le jazz et ne sommes donc pas distribués partout. Tu ne trouves pas l'album aux Etats-Unis, par exemple. Mojo et Uncut ont écrit d'excellentes critiques de l'album. Cela a été un immense bonheur pour moi car mon père les lisait chaque mois.