Babeheaven

Babeheaven, projet qui a vu le jour dans l'Ouest londonien, est né de la rencontre entre la chanteuse Nancy Andersen et le guitariste Jamie Travis, qui tous deux vouaient un amour tout particulier pour le trip-hop et la soul. Après une poignée de singles, le duo a sorti en fin d'année dernière l'EP Suspended Animation, avant de revenir un an plus tard avec sous le bras leur premier album, Home For Now.


Il y a bien évidemment dans ce Home For Now du Portishead et du Morcheeba dans les cordes, aussi bien vocales (Through The Night, le somptueux refrain de Until The End) que frottées (les douces nappes de violon de November et Jalisco). Mais il y a surtout le savoir-faire du refrain implacable et sophistiqué.
Human Nature, Until The End, Cassette Beat, Swimming Up River : tous parviennent à nous accrocher immédiatement par le seul biais de leur refrain, qui reste longuement en tête qu'on ne peut s'empêcher de fredonner après chaque écoute. Mais c'est aussi peut-être là que le problème se pose : sur la majeure partie des compositions, les couplets sont quant à eux bien en-deçà.


Nancy Andersen et Jamie Travis misent en effet beaucoup sur les arrangements et les refrains mais, après bon nombre d'écoutes, on s'aperçoit que quasiment aucun couplet n'aura entièrement retenu notre attention. Ils sont plats, sans saveur, un peu passe-partout comme pour mieux magnifier les refrains. Ces derniers n'avaient clairement pas besoin de ça, se suffisant entièrement à eux-mêmes.

Seule la Stealing Sheep-esque Craziest Things séduit de A à Z, portée par la voix magistrale de Nancy Andersen et des mélodies bien senties, à l'ambiance à la fois mélancolique et entraînante. Car, outre ses refrains et la présence rayonnante de Nancy Andersen, l'autre point fort de ce Home For Now est la variété de ses sonorités, pouvant aller de l'atmosphère vaporeuse de November à l'électricité froide et tendue de In My Arms, en passant par l'ambient délicat de Swimming Up River et How Deep (Love) ou encore les samples oppressants de Until The End.


Dans Home For Now, ce seront donc essentiellement des morceaux de bravoure que l'on retiendra, que ce soit un refrain bluffant, des arrangements inspirés, ou encore juste une poignée de secondes à l'image de la courte prouesse vocale terriblement addictive sur la fin du refrain d'un Friday Sky autrement largement dispensable.
On aurait tant voulu aimer Home For Now jusqu'à l'indigestion, on se contentera hélas uniquement de piocher dedans de temps à autre quand nous prendra l'envie.