White Flowers

Après deux démos chez Bingo Records et une série de maxis très vite épuisés chez Tough Love Records, le label de TOY et Girls Names, White Flowers sont enfin prêts à nous présenter leur premier album i>Day By Day. Le groupe réussit l'exploit d'y développer un univers sonore et graphique très personnel dans un style qui n'est pourtant pas nouveau, voire franchement ancien. On ne peut s'empêcher de penser à Cocteau Twins ou Beach House.

Simon Raymonde, un des trois membres de Cocteau Twins, avait déjà abondamment puisé lui-même dans son patrimoine pour le second album de Lost Horizons. Dans le cas du jeune duo, on ne peut même pas parler de relecture moderne tant chaque élément nous entraîne un peu plus dans dans l'ambiance vintage, froide et troublante des années 80s. La basse très ronde, la boîte à rythmes très froide et les arpèges de guitares très aigus sont tous les marqueurs de la cold wave de l'époque.


Il y a même ici ce côté continental qui a fait durer la new wave plus longtemps en Europe que chez les anglais qui étaient passés trop vite à autre chose. La basse de Night Drive me fait penser aux frenchies d'Asylum Party. Les couinements de guitares et les voix vont plutôt chercher dans les aurores boréales des premiers Sigur Rós. C'est très rafraichissant, et très plaisant.

Joey Cobb et Katie Drew ont fait une école d'art, ce qui se voit sur leurs pochettes, leurs affiches et les vidéos qu'ils réalisent eux-mêmes. Ils ont néanmoins choisi la musique pour s'exprimer et créent des chansons riches, aux arrangements précis, et dont l'évolution invite à la rêverie et à la mélancolie. Même s'ils ne sont que deux à jouer, ils font du bruit pour cinq ou six et peuvent monter de solides murs de son comme sur Stars.


Formés à Londres, ils sont retournés dans leur Preston natal, la pointe nord d'un triangle formé avec Manchester et Liverpool, mais seule ville du trio sans aucune tradition rock. Sans héritage local, le duo est libre de se former sa propre histoire, ses règles et sources d'inspiration. L'école d'art leur a fourni les outils pour façonner leur monde. Après des débuts à la maison sur GarageBand (ndlr : logiciel gratuit pour enregistrer en multipiste), l'album a tout de même été enregistré par Jez Williams de Doves dans son studio de Manchester.

Chronique d'un univers qui se construit, Day By Day ouvre les portes d'une aventure poétique fort séduisante et à suivre.