MARINA

« Mother nature's dying / Nobody's keeping score / I don't wanna live in a man's world anymore »

Il y a deux ans sortait le quatrième album de Marina Diamandis, Love + Fear – le premier sous le nom MARINA. Même si hautement ambitieux et en accord avec elle-même, abordant des thématiques plus introspectives qui prennent leurs origines dans les théories de la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross, Love + Fear aura toutefois musicalement quelque peu déçu.

Il y a six mois, l'artiste galloise dévoilait le titre Man's World. Elle y tacle, en un simple pré-refrain fabuleux, des thèmes actuels tels que le patriarcat et le changement climatique, sur fond de synthpop hyperbolique. En mettant de côté ses « Diamonds », on craignait qu'elle ait également délaissé l'identité musicale de ses premiers disques : il n'en est finalement rien, comme Man's World et les singles suivants le démontreront davantage encore.


Purge The Poison et Ancient Dreams In A Modern Land empruntent ainsi une même approche, aussi bien dans les textes prônant la différence et l'espoir d'une humanité enfin éveillée, que dans le son, instinctif et effréné, alliant dance-rock et pop bubblegum. La guitare y est aiguisée, la batterie martelée, les claviers débridés.

Il en va de même sur le quatrième single fraîchement révélé Venus Fly Trap, dont les arrangements, derrière une façade foutraque, affichent une structure complexe et sans fin. Le morceau est très certainement celui qui rappelle le plus la période The Family Jewels/Electra Heart, rendant véritablement compte du côté avant-garde et expérimental de la scène anglaise des années 2005-2010, à l'époque pourtant si naturel.



À l'inverse de Love + Fear qui se scindait en deux phases distinctes, on peut observer dans Ancient Dreams In A Modern Land une gradation plus subtile qui, après une première moitié d'album dévastatrice, s'amorce avec la ballade Highly Emotional People, à la fois intimiste et solennelle, puis l'hymne electro-rock engagé New America.

Les deux pistes suivantes naviguent entre ambiances vaporeuses et beats lourds. Tandis que Pandora's Box laissent les chœurs et les cordes s'exprimer, tendus et poignants, I Love You But I Love Me More nous agresse elle allégrement de sa guitare dissonante et sa rythmique intenable. Ancient Dreams In A Modern Land se termine sur les deux ballades au piano Flowers et Goodbye, qui, partant d'un postulat universel en début d'album, viennent offrir une conclusion très personnelle, portées par la voix toujours aussi magnétique de MARINA.



On retrouve ici une Marina Diamandis qui semble avoir réussi à harmoniser la pop de ses débuts à cette MARINA qui a clairement su trouver son identité propre, inspirée de bout en bout. Ancient Dreams In A Modern Land est une œuvre profondément ancrée dans son époque, autant musicalement que dans les thématiques abordées, emmenée par une artiste élevée au rang d'icône qui ne semble pas près d'en descendre.