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MARINA

Paris, Divan Du Monde - 29 avril 2010

Live-report par Olivier Kalousdian

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A la question : « Peut on encore découvrir des artistes d’un charme ravageur et d’un talent flagrant en dehors des casting truqués de la Star Academy ? » ; question grave s’il en est, la réponse est, en ce jeudi soir à 21h30, à l’unanimité de l’assemblée publique présente au concert : « Assurément ! ».

C’est pourtant sans réelle conviction que je partais rejoindre le Divan du monde dans le 18ème arrondissement de Paris où avait lieu ce concert. Marina & The Diamonds ; une galloise évoluant dans cette rare catégorie de musiciens qui ne s’expriment pleinement que sur scène, donnant une prestation millimétrée et empreinte d’une qualité supérieure aux versions studios. Une voix unique, qui, même si elle n’est pas sans rappeler les meilleurs moments de Nina Hagen ou Lene Lovitch, capte instantanément l’auditoire. Indéniablement, elle emprunte aux harmoniques de ses aînées. Elle peut ainsi, à volonté, monter ou descendre dans les octaves, aussi impeccablement que Hermann Maier descend la piste noire de Kitzbuhel ! Entre une tonalité grave digne d’un castrat et une facilité à faire tutoyer les sommets les plus aiguës à ses cordes vocales, on assiste là à la naissance d’un petit phénomène de la pop électro chantée et bien chantée, c’est sans équivoque !

Au demeurant, le concert affiche « complet », ce qui, la salle du Divan du monde n’étant pas celle du Scopitone, est un gage de succès auprès du public qui ne la connaît que depuis deux petites années... Et encore, uniquement au sein d’ une communauté experte et en constante veille culturelle. A vue de nez, ce ne sont pas moins de 500 personnes qui se pressent au devant de la scène ou sur les bords et rebords des balcons pour ne rien rater de la prestation.
Intelligente, Marina l’est, assurément. Dans ses mélodies, sa présence sur scène et sa simplicité affichée donnant lieu à de sincères échanges verbaux et amicaux entre elle et son public. Marina n’a pas non plus oublié d’être agréable à regarder et de choisir une garde-robe des plus hype mais toujours originale et gaie : robe hippopotame, salopette imprimée de « Mickey » portée sur les hanches... sa chevelure lisse d’un noir profond, ses lèvres soulignées d’un rouge qui l’est tout autant et cette affinité physique avec Monica Bellucci, attirent à elle tous les regards et pas que les masculins ! Les tables basses ou les tabourets du Divan du monde sont tous réquisitionnés par le public qui tente de se hisser toujours plus haut pour porter le regard et admirer son jeu de scène excentré et ses positions de jambes, excentriques.

Deux claviers l’entourent et se font face devant une basse et une batterie. Et tout ce petit monde nous offre une pop électro savamment orchestrée comme savaient le faire une Nina Hagen ou une Siouxie & The Banshees dans un registre plus musclé cependant, mais qui se hisse bien au-delà d’une simple réécriture de la musique des années 80 dont le virus semble avoir à nouveau contaminé toute l’Angleterre. Si le groupe ne maîtrise qu’une dizaine de morceaux pour le moment, on ressent sans peine que Marina n’aura aucun problème à composer avec talent d’autres hits comme I Am Not A Robot, déjà fredonné dans certaines cours de récréation et à étonner régulièrement un public qui la voit reprendre un flambeau que Bjork avait allumé.
Une fille délicieusement excentrique, servie par des compositions où les claviers synthétiques ou classiques tiennent la première place et qui relèvent d’une complexité parfois savante, est en train de prendre le train d’un succès méritoire où seules les prédispositions, la qualité et les sentiments partagés pourront un jour être reprochés à Marina sous la plume des plus acerbes et des plus cyniques critiques de notre pays. Critiques qui pourraient ne voir là qu’un accord trop parfait et donc douteux entre charme physique, tenues scéniques trop modes et compositions trop « tendances » pour être honnêtes. Et dans une certaine mesure, on ne pourrait leur en tenir trop rigueur car, au delà de ses aptitudes indiscutables, Marina joue de tout cela. Mais elle en joue avec brio et légèreté et assouvit par là même notre désir de ne plus penser, pour un soir, aux lourds sujets qui accompagnent, malgré nous, notre quotidien.

Accompagné de Thelma, une enfant de la télé de neuf ans à qui l’on offrait là son premier concert — quelle belle référence ! — nous voilà sur le pavé du Divan du Monde à attendre, possiblement, l’artiste principale à qui elle prétend demander un autographe et une photo… Certains de rien, même si ses musiciens, déjà dehors, nous ont gentiment invités à l’attendre, nous voyons apparaître Marina quelques minutes plus tard, apercevoir Thelma en face d’elle un papier à la main et, instantanément, lui tendre les bras dans cet élan de tendresse que l’on prête aux « mama » italiennes. Nous assistons, ravis, aux sourires non déguisés, aux paroles échangées en franglais et aux photos auxquelles se soumet volontiers Marina, joue contre joue avec Thelma ! Quand l’élégance survole le talent, elle s’empare des sentiments et je regrette alors soudainement mes neuf ans !
setlist
    Girls
    Seventeen
    The Outsider
    I Am Not A Robot
    Oh No!
    Numb
    Obsessions
    Rootless
    Hollywood
    Shampain
    Guilty
    ----
    Mowgli's Road
photos du concert
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