Piroshka

Après un premier album, très réussi, paru en 2019, Piroshka nous reviennent avec Love Drips And Gathers. Ce second essai a été composé et enregistré avec le même line-up que pour Brickbat, en l’occurrence Miki Berenyi (ex-Lush), Kevin McKillop (ex-Moose), Michael Conroy (Modern English) et Justin Welsh (ex-Elastica). Le supergroupe est donc de retour, mais si vous attendiez un copier-coller de ce qu’on connaissait déjà d'eux, eh bien vous avez tout faux.

En effet, dès l’entame de ce nouveau disque, on constate une énergie très différente de celle qui se dégageait de Brickbat. Les guitares rugissantes de This Must Be Bedlam se sont assagies et transformées en quelque chose de beaucoup plus planant et éthéré. La longue et lente intro de Hastings, sur laquelle Miki pose délicatement sa voix, nous emporte vers une suite musicale où les cuivres prennent place dans une ambiance plaisante et presque décontractée. L’ombre de Moose règne terriblement sur ce début d’album. Cette chanson est une sacrée entrée en matière et va véritablement donner le ton de Love Drips and Gathers.

En effet, The Knife Thrower's Daughter reste dans cette mouvance délicate et subtile. C’est une balade où les chordes trouvent une jolie place de choix. Cela ne signifie pas pour autant que ce disque n’a pas ses moments punchy, comme sur le formidable premier simple, Scratching At The Lid, qui nous transperce notamment avec cette basse groovy et ce synthé glaçant.
Cette transition musicale reste toutefois passagère et Love Drips And Gathers retrouve un rythme plus posé dans une atmosphère presque grave et pesante. Immensément mélancolique, Loveable est peut-être en réalité un clin d’œil au Unloveable de The Smiths, d’autant que VO qui lui fait suite est une merveilleuse resucée de How Soon Is Now? du célèbre groupe de Manchester. Cette chanson est un hommage à Vaughn Oliver, génial créateur des pochettes et du design de 4AD, qui nous a quittés fin 2019.

Wanderlust, malgré une intro joliment électrique, s’avère quant à elle bien plus downtempo mais néanmoins très séduisante. Echo Loco reste dans cette veine mélancolique où bon nombre d’instruments, tels que le violon et le xylophone, viennent s’entremêler, dans une mélodie de toute beauté. Puis c’est un nouvel assombrissement atmosphérique que l’on retrouve dans Familiar, avant que ne se conclue l’album avec l’incroyable We Told You. Seule plage quasi instrumentale de l’album, où les voix s'apparentent juste à des vocalises et qui lorgne vers le gothique avec sa noirceur et ce beat et ces sonorités électroniques qui montent progressivement comme dans un jeu de séduction presque sulfureux.

Vous l’avez compris, ce nouvel album de Piroshka est profondément différent du premier. Bien plus travaillé que son prédécesseur, moins direct, Love Drips And Gathers nous emporte dans des univers plus profonds, plus mélancoliques, mais aussi parfois plus lumineux. Les Anglais transforment ce second essai de très belle manière et nous garantissent un été musical en leur compagnie, en attendant d’avoir la chance de les retrouver sur scène dans un futur qu’on espère proche.