Trampolene

L'histoire de Trampolene, formation galloise originaire de la ville de Swansea, est incroyablement riche pour un groupe qui reste à ce jour des plus discrets dans notre contrée. Leur troisième album intitulé Love No Less Than A Queen sortant en ce début septembre devrait remettre les pendules à l'heure pour la bande à Jack Jones.

Accompagné de Wayne Thomas à la basse et Jay Bone à a batterie, Jack Jones et Trampolene ont croisé la route de nombreuses personnalités influentes du rock british tout en faisant le choix d'une carrière plutôt underground. Débutant en tant que roadies de groupes tels les regrettés The Strypes, se succèdent dès 2016 de nombreuses premières parties de qualité (The Libertines, Kasabian, Liam Gallagher...) et apparitions en festivals célèbres outre-Manche. Satellite dans l'orbite de Carl Barât et Pete Doherty, gagnant l'estime de journalistes musicaux tels Pete Paphides et de la presse indé comme le fanzine Louder Than War, tout en passant sur les ondes de la BBC Radio 1, il est étonnant que Trampolene ne soient pas devenus un classique des charts depuis lors.

C'est peut-être là la particularité de son leader Jack Jones. Le jeune gallois se revendique d'un mouvement indépendant, ou la création est nourrie de littérature, de poésie et où les influences musicales ne sont pas portées en étendard mais savamment dosées pour ne pas tomber dans la mimique facile.
L'univers musical de Trampolene est largement ancré dans un registre rock harmonieux. Le sens de la mélodie est allié à des textes riches, soit élégamment interprétés grâce à la voix veloutée et assez juvénile de Jack Jones, soit déclamés avec un flow qui donne un coté poète maudit.


Les influences sont ancrées dans les 90s. L'indie rock laisse ainsi à la guitare tout l'espace nécessaire pour rugir (le pétaradant titre d'ouverture Gotta Do More, Gotta Be More), prenant ainsi un coté stoner qui met méchamment en appétit. Cette dernière prend ailleurs une tendance plus pop au travers d'une orchestration élaborée (Oh Lover, Remember) et toujours portée par le chant délicat de Jones.
Mais point de facilités avec Trampolene, les morceaux les plus incongrus retenant mieux notre attention. Les première notes de The Misadventures Of Lord Billy Bilo et sa cadence hypnotique nous plongent dans des contrées sombres qui renvoient au rock tourmenté de la scène grunge d'il y a trente ans.


Uncle Brian's Abatttoir, dont l'histoire est inspirée d'un dessin fait par la petite cousine de Jack Jones qui réunissait hommes et animaux mais qu'elle a nommé abattoir, ignorant sa réelle définition, est un titre majoritairement acoustique, qui sonne enfantin de par ses touches de claviers légères et son ambiance aérienne, tout en révélant une écriture bien plus complexe qu'il n'y croirait.

Un petit détour vers une synth pop années 80 grâce à Shoot The Lights, de la balade romantique avec Lighter Than Paper, quelques morceaux plus mainstream et un peu anecdotiques tels les trop sages Perfect View ou Milan... L'abondance des univers qui règne dans Love No Less than A Queen nous amènera donc à tolérer quelques titres dispensables.
L'album se clôture par l'énigmatique Come Join Me In Life, entièrement récité et pur produit de l'écriture nourrie par les œuvres de Dylan Thomas et de toute la culture de l'indiscipliné et fier Pays de Galles, au travers de mots comme « a call to arms for the left behinds and the voiceless ones... don't believe what they tell you, it's your world too ».

Signé sur le label Strap Originals créé par notre dorénavant très français Pete Doherty, ce dernier n'a pas manqué de compliments sur le nouveau disque de ses petits protégés. De nouveau actifs sur les scènes britanniques cet été, Trampolene et leur mélange des genres sont attendus en France pour mieux étendre leur influence hors Royaume-Uni malgré toutes les difficultés pour les artistes britanniques de se produire chez nous.