Portico Quartet

Six mois seulement après le très beau Terrain, Portico Quartet reviennent déjà avec un nouvel album. Un disque encore supérieur à son prédécesseur qui flirtait pourtant déjà avec le sublime.

Si Terrain montrait le groupe sous son jour le plus ambient et minimaliste, Monument est quant à lui, et selon le souhait même du groupe, plus direct. Ce disque était en réalité celui que Portico Quartet avaient entrepris d'écrire en mai 2020 avant que ce ne soit finalement Terrain qui se concrétise. Le duo a d'ailleurs enregistré les titres de ces deux disques lors des mêmes sessions en studio et avait pensé à n'en faire qu'un seul et unique objet, avant de finalement décider de faire deux albums distincts.
Distincts, ils le sont dans leur approche car si Terrain montrait la face la plus sombre du groupe, celle d'une certaine angoisse face à la pandémie, Monument fait preuve quant à lui d'un optimisme qui fleure bon la perspective d'un avenir meilleur.

Si Monument se révèle donc plus direct que Terrain, il est au final tout aussi beau. C'est bien simple, on se demande, disque après disque, comment ce groupe arrive à atteindre de tels niveaux de créativité. Dès les premières notes de Opening on sait d'emblée que l'on a affaire ici à un grand disque, un très grand disque. Impressions, qui suit, confirme cette impression première. Le morceau montre Portico Quartet s'orientant vers un son pop-électronique, son pour lequel le groupe se révèle tout aussi doué qu'il ne l'est pour des plages plus orientées ambient expérimentales. Ultraviolet mêle une influence krautrock à une autre qui semble héritée du Low de David Bowie pour un résultat d'une rare beauté. Quant à Ever Present, c'est une splendeur mélodique renversante.

Sur A.O.E on retrouve l'amour du jazz du duo. A cette rythmique jazz vient se greffer un beat quasi jungle qui fait tout le charme du morceau. Avec ce titre, Portico Quartet réussissent à créer un genre encore inédit : la musique de club intello. Warm Data est une merveille hypnotique et répétitive, un voyage contemplatif tout au long des huit minutes que dure le morceau. Et que dire de On The Light qui clôt l'album, morceau vertigineux qui nous émerveille et nous éblouit devant tant d'inventivité musicale. Rarement le saxophone n'aura sonné d'une manière aussi éblouissante que sur ce titre féérique.

Portico Quartet ont réussi l'album idéal, le disque auquel on voudrait rêver sans jamais l'oser. Il y a un tel souci de l'arrangement que même les titres d'une minute à peine, Gateway et Portal, qui sur d'autres productions seraient de courts interludes insignifiants, se révèlent ici comme des morceaux majeurs. Cet album est un chef d'œuvre absolu, l'un, si ce n'est le meilleur album de 2021 et sans aucun doute l'un des meilleurs disques de ces dernières années, de la catégorie de ceux l'on réécoutera avec la même émotion dans cinq, dix ou vingt ans.