Paul Weller

Décidément, nous n'avons jamais le temps de nous ennuyer avec Paul Weller qui depuis deux étés remplit nonchalamment nos étagères. Se sont succédé en un an et demi deux nouvelles productions, On Sunset en 2020 et Fat Pop Vol 1 cette année, et pour célébrer les fêtes qui restent chamboulées du fait d'un certain virus aux multiples variants, nous voici en présence d'un disque en mode orchestral balayant la discographie du Modfather (hors The Jam, je freine tout de suite votre enthousiasme) avec An Orchestrated Songbook - Paul Weller With Jules Buckley & The BBC Symphony Orchestra, rien que ça.

Enregistré en mai dernier, celui-ci dévoile un choix intéressant de chansons piochées en majorité sur les trois dernières années de l'œuvre du musicien avec quand même quelques excursions malicieuses vers la lointaine époque des débuts solo (Wild Wood et Stanley Road que l'on a plaisir à redécouvrir à cette occasion) ainsi qu'un petit clin d'œil à la grande époque The Style Council avec le très bon choix qu'est Café Bleu.

Dès lors, le tracklisting permet aux néophytes de se familiariser avec Paul Weller, présent dans notre paysage musical depuis plus de quatre décennies maintenant et qui a toujours su évoluer avec inventivité. Preuve en est cette réinterprétation par l'orchestre symphonique de la BBC.
Détournés de leurs sonorités rock, folk et jazz, les titres tels My Ever Changing Mood, Carnation carrément rhabillée ou It's A Very Deep Sea à laquelle les violons et les cuivres offrent un écrin tout en velours sont une re-découverte de l'œuvre de Paul Weller. On ne peut que confirmer le haut niveau du musicien anglais tant ses morceaux même dépouillés de leur enveloppe d'origine ne souffrent d'aucun décalage.


Les titres plus récents comme On Sunset ou le tout dernier Glad Times sortent gagnants de cette relecture. Néanmoins, cette liste de classiques revisités prend au milieu du disque une certaine linéarité qui peut nous sembler un peu longuette. Non pas que la qualité baisse, mais on peut ressentir ce besoin d'un grand coup de fouet pour dynamiter le tout et le bagage guitare et percussion vient à manquer à un moment. De plus, le chant s'adaptant bien naturellement à ces douces orchestrations, il nous manque également cette intonation chaude et prononcée que nous sert d'ordinaire l'ami Paul.


Nous retrouvons trois duos qui ne manquent pas d'intérêt, Paul Weller s'entourant de James Morrison dont le timbre bien plus aigu vient contraster agréablement, la chanteuse soul Celeste et le mythique Boy George qui pousse un peu (trop ?) dans le registre diva mais qu'il est toujours agréable de retrouver.
Ce sont donc dix-huit titres solides, parfois un peu trop réservés, mais néanmoins surprenants à bien des égards, que nous offre An Orchestrated Songbook, lequel remplit ici son office de cadeau surprise pour la fin d'année où l'increvable Modfather signe encore un très bon retour. La campagne des listes au papa Noël est toujours ouverte, rappelons-le.