Chronique Album
Date de sortie : 04.02.2022
Label : Ninja Tune
Rédigé par
Amandine, le 31 janvier 2022
Après avoir retrouvé en fin d'année passée leur premier album, For The First Time, dans de nombreux classements d'albums de 2021, Black Country, New Road nous reviennent, quasiment un an jour pour jour après leur première pépite, avec Ants From Up There. La tâche s'avère ardue et le défi difficile à relever pour faire mieux... ou peut-être juste différent ?
Comme l'avait qualifié le groupe à sa sortie, For The First Time était perçu comme le premier épisode, la « Phase 1 » de son épopée, de ses dix-huit premiers mois d'existence. Les inspirations et les instrumentations foisonnaient, les inspirations butinaient vers des sentiers tous plus improbables les uns que les autres mais force était de constater que le résultat était plus que probant. Avec Ants From Up There, Black Country, New Road souhaitent proposer une musique plus accessible, comme l'expliquait Tyler Hyde en interview ; forcément, avec eux, comme on pouvait s'en douter, cette notion est toute relative. Si le premier album jouait beaucoup sur les dissonances, un spoken words et des changements de rythmes soudains, ici, l'ambiance est plus pop mais ne vous y trompez pas, Black Country, New Road ne sont pas pour autant tombés dans la facilité.
Après une introduction instrumentale, nous plongeons directement dans le vif du sujet avec Chaos Space Marine, qui regorge de clins d'œil et d'influences aux plus grands noms de la pop britannique : une voix de crooner digne de Neil Hannon aux débuts de The Divine Comedy, un refrain pop accrocheur comme Pulp savaient nous les présenter, mais le résultat est bien plus que la somme de tout ça et tellement unique ! Même si cette entame est inattendue, on sent que le groupe a continué à gravir les marches vers la perfection, en proposant un morceau certes plus immédiat mais pas pour autant consensuel.
On pourrait également parler longtemps de Concorde et sa structure léchée, sa petite mandoline, ses voix doublées et son final grandiloquent venant faire la nique à Arcade Fire (influence perceptible à d'autres moments comme sur Good Will Hunting), ou encore s'arrêter sur la progression hallucinante de Haldern mais il resterait encore tellement à dire... Vous l'aurez compris, cet album est d'une beauté fragile et un peu folle, où chaque titre résonne par son unicité.
The Place Where He Inserted The Blade en est un bel exemple : elle démarre sur un thème intrigant évoluant de la plus magnifique des manières vers une pop song lyrique, où la richesse de l'instrumentation vient accompagner et sublimer un chant plus que jamais maîtrisé. Basketball Shoes vient quant à elle conclure, avec ses douze minutes, cet album en refermant le second chapitre de l'histoire de Black Country, New Road.
Comme a pu l'énoncer le groupe en interview pour Consequence Of Sound, avec eux, « on sait toujours comment ça commence, mais jamais comment ça finit », et effectivement ils nous emmènent vers des territoires jusqu'alors inexplorés. Ils réussissent ici à garder leur identité et leur bizarrerie, tout en insufflant une immédiateté et une spontanéité à leurs titres. Encore une fois, c'est une fantastique réussite !