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Black Country, New Road

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 31 janvier 2022

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Pile un an après le remarquable For The First Time, Black Country, New Road reviennent avec un second album encore plus convaincant, Ants From Up There. Un disque qui les consacre définitivement comme l'un des combos majeurs de la nouvelle scène anglaise. Entretien à Paris avec le groupe.

Quelles étaient vos intentions pour ce nouvel album comparé à ce que vous aviez fait pour le premier ?

Nous n'avions rien de spécifique en tête au moment où nous avons démarré la production. Nous voulions faire quelque chose de plus ouvert, de plus pop. Il y avait quelque chose d'expérimental sur le premier. Nous voulions cette fois aller vers quelque chose de plus évident.

J'ai trouvé cet album assez pop en effet...

Nous adorons la pop. Le premier album était une réflexion de ce que nous écoutions à l'époque de son enregistrement. Nous aimions beaucoup Vampire Weekend à ce moment-là donc il y avait cette influence.

Il y a un côté pop à la Velvet Underground sur le disque, pop et expérimental à la fois...

Merci pour le compliment. La pop est un genre musical très large. Les gens imaginent souvent le genre comme quelque chose de mainstream, mais existe de nombreux styles de pop différents.

Malgré cette approche pop, vous continuez d'écrire de longs morceaux...

Cela arrive quand nous n'arrivons pas à faire plus concis. Et puis nous aimons étirer les morceaux lorsque ceux-ci en ont besoin.

C'est une volonté d'hypnotiser l'auditeur ces longs morceaux ?

Nous aimons faire des boucles répétitives mais ce n'est pas forcément intentionnel. Cela arrive comme ça. Si cela crée cet effet hypnotique, tant mieux.

Il y avait une influence jazz sur le premier album. Elle est bien moins évidente sur celui-ci...

Sur le premier album, nous avions exploré plein de styles musicaux différents. Sur celui-ci, nous voulions être moins jazz et plus poppy. C'est certes de la pop, mais de la pop ambitieuse dans le sens où nous ne nous fixons aucune limite.

Une pop intellectuelle en somme ?

C'est possible. Ce qui passe à la radio peut être génial aussi sans que le gens ne s'en rendent forcément compte.

Est-ce que le confinement vous a permis de peaufiner les détails de l'album ?

Oui. En plus de cela nous avons eu la chance de pouvoir vivre tranquillement malgré ce confinement. De nombreux amis à nous n'ont pas eu cette chance. Le fait d'être payés comme musiciens en ces temps incertains est incroyable. En ces temps difficiles, être à l'abri est un privilège.

Vous continuez de mélanger plein de styles musicaux. Vous avez grandi tant avec le krautrock que le jazz ?

Nous sommes la première génération à avoir eu accès à toute la musique possible et imaginable. Forcément, être exposé à toutes les musiques possibles t'influence dans ce que tu feras plus tard. Nous avons toujours écouté plein de trucs qui vont du jazz à la pop.

Même si le nouvel album est plus pop, en live vous restez un groupe expérimental...

Les morceaux du premier et du deuxième album sont très différents mais en live tu es pris par l'énergie des concerts. Et cette énergie transforme les morceaux. Notre musique est ouverte donc elle peut être prise de telle ou telle façon par tel ou tel auditeur. Nous adorons jouer live.

Ants Grom Up There sort au final peu de temps après votre premier album...

Oui, mais pour nous il était naturel de le sortir seulement un an après le premier. Les titres de For The First Time commencent à dater maintenant. Nous n'avons pas pu partir en tournée à cause du COVID-19, et du coup nous en avons profité pour écrire.

Qui a produit ce nouvel album ?

Sergio Maschetzko. Il fait souvent le son de nos live. Nous voulions recréer le son de nos concerts. Sergio a toujours de très bonnes idées. Il était naturel pour nous que de travailler avec lui. Nous avons enregistré le disque en juillet 2021, en deux semaines tout était en boîte.

Je trouve le disque très positif, plein de bonnes vibrations...

Oui, il l'est. Nous l'avons enregistré en été au sortir d'un confinement. C'est un disque d'espoir.

Vos deux disques sont sortis chez Ninja Tune. C'est assez cohérent avec ce que vous faites, je trouve...

Oui, c'est vrai. Les gens travaillant chez Ninja Tune sont très cool. Ils comprennent ce que nous faisons. Ils sont à fond derrière nous et jamais ils ne nous ont demandé de changer la moindre note dans nos productions. Ils nous ont laissé faire un disque très différent de ce qu'était notre premier album.

Vous semblez, malgré la hype qui vous entoure, être restés les mêmes...

Nous essayons (rires). Nous ne pensons pas au moment où nous enregistrons un titre à ce qui pourra être dit dans les journaux.

Vous avez beaucoup tourné cet automne...

Oui, nous n'avions encore jamais fait cela avant. Nous avons quasiment terminé, ou pour certains terminé tout court, l'université donc nous pouvons partir sur les routes facilement désormais !