The Boo Radleys

Quelle n'a pas été notre joie en septembre dernier lorsque nous entamions la rentrée avec un nouveau disque des Boo Radleys. L'EP A Full Syringe And Memories Of You nous offrait alors quatre nouveaux morceaux qui officialisaient le retour de Simon « Sice » Rowbottom, Tim Brown et Rob Cieka. Et quel retour : en total cohérence avec l'esprit des « Boos » qui se voit maintenant suivi du premier album studio du dorénavant trio depuis 1998.

Keep On With Falling est une renaissance pour The Boo Radleys qui nous avaient quitté à l'aune du XXIème siècle alors que nous avions encore soif de leur pop shoegaze rayonnante. L'attente a été un peu longue et c'est pourquoi nous apprécierons encore plus ce nouveau disque qui, comme le faisait pressentir l'EP, nous fait reprendre contact avec Sice et les autres comme si nous venions à peine de les quitter.

Les onze titres de Keep On With Falling sont une juste suite à Kingsize, le cheminement des Boo Radleys depuis Ichabod And I en 1990 les ayant menés petit à petit vers un style plus accessible sans pour autant se coller à la bannière britpop de l'époque. C'est justement par cette volonté de rester en marge de la déferlante tout en profitant de son rayonnement que The Boo Radleys ont développé une fan base exigeante. Cette dernière ne sera pas déçue car nous retrouvons dans les titres du disques toutes les facettes qui font l'identité du groupe.

En premier lieux, la voix de Simon, qui dès les premières notes de I've Had Enough I'm Out nous fait littéralement nous interroger sur le fait que deux décennies se soient écoulées depuis. La voix du leader des Boo Radleys n'a pas perdu ne serait-ce qu'une once de sa clarté, ni son timbre d'adolescent (au même titre que certains Tim Burgess ou autres Grant Nicholas, nous souhaiterions vraiment obtenir la formule magique). Puis viennent les guitares et la batterie qui respirent la fraicheur et ces chœurs typiques des harmonies délicieusement juvéniles des Boo Radleys.


Les quatre premiers titres sont réellement ancrés dans cette ambiance indie pop très années 90, sans pour autant sembler « dépassés ». Les trompettes reviennent sur I Say A Lot Of Things et on retrouve ici toute l'orchestration qui donna à l'époque tant d'ampleur et de succès à l'emblématique Wake Up! et son hymne à la bonne humeur qu'est Wake Up Boo!.
Puis le rythme se modifie quelque peu en entrant dans une ambiance plus sophistiquée, comme pour rappeler que les Boo Radleys ont pris quelques années au compteur, ainsi que leurs affinités musicales : Tonight s'envole carrément au firmament pop sur son refrain grâce au chant de Sice et à sa mélodie douce-amère émouvante. A Full Syringe And Memories Of You, déjà présent sur l'EP, confirme le haut niveau grâce à une série d'arrangements très soignés.


Il faut néanmoins reconnaitre un petit temps mort sur le disque lorsque s'enchaine le trio Call Your Name, Here She Comes Again et You And Me qui peinent à se démarquer, peut-être du fait d'une production un peu trop ampoulée qui noie (et c'est bien dommage) les harmonies vocales de Sice.
Mais le rock reprend ses droits en fin de disque : I Can't Be What You Want To Be offre un étonnant contraste guitares hard FM/acoustiques dans cette balade assez profonde qui rend ici toute sa place au chant de Simon. Enfin, nous achevons ces retrouvailles avec Alone Together aux accents psyché pop qui nous revoient loin dans le temps, nous remémorant les morceaux les plus cosmiques de Giant Steps comme le planant Thinking Of Ways.

Il ressort de ce septième album studio de The Boo Radleys un sentiment rassurant de continuité et également de complétude. Comme si Keep On Without Falling était cette pièce manquante depuis la séparation subite du groupe il y a de cela vingt-quatre ans maintenant. Ce qui nous rassure est l'alchimie toujours présente entre Simon, Tim et Rob en nous faisant presque oublier le grand absent de ce retour gagnant qu'est Martin Carr. Il manquera peut-être alors ce côté frappadingue qui était de son fait et qui surgissait sans s'y attendre entre deux morceaux calibrés FM ou voués aux charts. Mais qu'importe, le plaisir est réel et la qualité d'écriture et d'interprétation n'a pas fait défaut aux « Boos » depuis tout ce temps. Vivement de vérifier cela en live.